La foule était une fois de plus présente ce samedi à la marche pour réclamer le procès des gendarmes ayant interpellé Adama Traoré, le 19 juillet 2016. Tandis que les juges d’instruction demandent un complément d’expertise aux médecins belges pour élucider les causes de la mort du jeune homme.
Quasiment cinq ans après la mort d’Adama Traoré, décédé à la suite de son interpellation par les gendarmes le 19 juillet 2016, près de 2000 manifestants ont répondu ce samedi à l’appel du comité Adama et ont participé à la marche. « Nous sommes là encore, cinq ans après pour continuer à réclamer la vérité et la justice pour Adama. Cinq ans que la justice ignore les cris de la famille Traoré. Cinq ans que la France ne veut pas donner cette vérité. Nous continuons à demander la mise en examen des trois gendarmes », a souligné la sœur d’Adama, Assa Traoré, avant que le cortège ne se mette en route.
Un cortège en tête duquel se trouvait Bagui Traoré, le petit frère d’Adama, tout juste acquitté par la cour d’assises du Val-d’Oise, le 9 juillet, dans l’affaire des tirs contre les gendarmes lors des émeutes ayant éclaté après la mort d’Adama. À l’issue du procès, deux hommes ont été condamnés par la cour d’assises, qui a en revanche constaté l’absence de preuve à l’encontre de Bagui Traoré. Cet acquittement doit être perçu, a indiqué ce dernier, comme « une brèche dans laquelle on doit passer pour le jugement des gendarmes ».
Le cortège parti de la gare de Persan s’est arrêté quelques minutes devant la gendarmerie où Adama avait trouvé la mort. L’occasion pour Assa Traoré de dénoncer les médailles attribuées aux trois militaires ayant interpellé son frère. « Ils ont été récompensés pour avoir interpellé Adama, pour l’avoir tué. C’est une honte. ». « J’ai le cœur qui saigne », a ajouté la mère d’Adama.
«Le combat, on ne le lâchera pas»
Assa Traoré n’a pas éludé par ailleurs le complément d’expertise ordonné par les juges d’instruction chargés de l’enquête sur la mort d’Adama, le qualifiant toutefois de « scandale et de honte ». Ce complément d’enquête concerne de nouveaux témoignages recueillis par les enquêteurs, décrivant Adama comme anormalement essoufflé et fatigué à l’époque, ayant des vertiges. Il concerne également le dossier médical de la médecine du travail d’Adama, datant de 2014, ainsi qu’un arrêt de travail. Ces éléments ont été adressés aux quatre médecins belges ayant livré un rapport en janvier dernier. Ils devront dire si ces nouveaux éléments sont de nature à modifier leurs conclusions, qui évoquaient un coup de chaleur, le poids des gendarmes et dans une moindre mesure une maladie génétique et une pathologie rare.
« Nous avons une justice qui protège les gendarmes, a réagi vivement Assa Traoré. Nous sommes dans un déni de justice. Nous avons tous les éléments pour que les gendarmes soient jugés et condamnés. Le combat, on ne le lâchera pas, pour la liberté de tous. La nouvelle expertise doit être rendue avant le 31 août. Nous l’attendons de pied ferme. »
Après le centre-ville de Beaumont, le quartier de Boyenval, le cortège à la fin duquel les militants du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) et les Gilets jaunes avaient pris place, s’est ensuite dirigé vers les bords de l’Oise ou plusieurs artistes devaient se produire sur scène. « Je suis venu plusieurs fois pour commémorer la mort d’Adama. Il ne faut pas oublier dans quelles circonstances il a été tué », confie un manifestant francilien. « Je suis là chaque année, ajoute un autre, venu de Paris. D’abord en soutien au combat mené par le comité Adama et par Assa. S’il n’y avait pas eu leur pugnacité, l’enquête n’aurait pas été menée avec la même vigueur. Et puis aussi contre les violences policières. D’autres prénoms que celui d’Adama ont été prononcés. »