vendredi 1 mars 2013
  
Affaire Ali Ziri : cap sur la Cassation
Paris le 24 mars 2012. Le comité Ali Ziri participant le 24 mars 2012 à la marche de " Commémoration Nationale des Victimes de la Police" pour dénoncer l'impunité accordée par la Justice aux policiers auteurs de crimes. AFP PHOTO/JOEL SAGET

La cour d’Appel de Versailles a confirmé le non-lieu prononcé contre les policiers impliqués dans la mort de Ali Ziri. La famille de ce retraité algérien, décédé en 2009 à Argenteuil lors d’une interpellation de la police, a décidé de se pourvoir en cassation.

 


Ils s’étaient préparés à ce jugement depuis longtemps. C’est dire si leur confiance en la justice est entachée. « Le combat continue », lâche aussitôt Areski Semache, membre du Comité Vérité et Justice pour Ali Ziri. Hier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles a confirmé le non-lieu rendu en octobre. En 2009, Ali Ziri meurt lors d’une interpellation policière à Argenteuil, en région parisienne. Sur la route qui le mène au commissariat, il est maintenu la tête contre le siège avant. C’est la technique dite du « pliage». Une autopsie conclut qu’il est mort des suites d’un arrêt cardiaque après suffocation.

Enquête bâclée

Le 15 octobre dernier, une ordonnance de non-lieu est rendue. Le juge a établi qu’« aucun acte de violence volontaire n’a été la cause directe ou indirecte du décès ». Un non-lieu incompréhensible pour la famille de la victime qui dénonce une enquête bâclée. La famille a vu défiler trois juges d’instruction en trois ans. Trois juges et aucune reconstitution. Et les policiers mis en cause n’ont accessoirement jamais été entendus par les juges d’instruction.

Inconcevable de ne pas se pourvoir en cassation

Pas de temps à perdre. La famille d’Ali Ziri décide de se pourvoir en cassation. « Il est inconcevable qu’un homme de 69 ans décède alors qu’il est entre les mains de la police française et que cela ne fasse pas l’objet d’une instruction judiciaire comme toutes les autres affaires. Ce d’autant plus qu’il s’agit de la police », martèle maître Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille.

Procédure très coûteuse

« Le pourvoir en cassation risque d’être très coûteux », précise Areski Semache, « c’est pour cela que nous avons lancé une souscription sur notre blog, pour inciter les gens à nous aider financièrement ». Vu que l’Etat ne le fait pas. Dans cette affaire, la famille aurait déjà déboursé 6 000 euros pour les frais judiciaires et 5 000 pour garder le corps en chambre froide pour l’autopsie.

Future condamnation de la Cour Européenne des Droits de l’Homme ?

Plus que la Cour de Cassation, c’est la Cour européenne des droits de l’homme que vise la famille de Ali Ziri. « La cour européenne a déjà condamné la France pour un cas similaire. Ce sera la deuxième fois avec le dossier Ali Ziri », promet maître Maugendre. En 2007, la France a effectivement déjà été épinglée par cette même cour pour une affaire qui s’était produite à Toulon, il y a 15 ans : la mort de Mohamed Saoud.

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Chloé Juhel