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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 19:01
 
Procès de Bagui Traoré :
« J’ai donné l’ordre de ne pas tirer
sur les émeutiers » de Beaumont,
assure le général

Le général Thomas, qui commandait les gendarmes du Val-d’Oise lors des émeutes de juillet 2016 à Beaumont, a indiqué à la cour d’assises avoir donné l’ordre de ne pas répliquer aux tirs des émeutiers avec des armes létales, « pour préserver la paix sociale ». Assa Traoré a, de son côté, clamé l’innocence de son frère Bagui et dénoncé « un procès politique ».

Par Frédéric Naizot 
Le 21 juin 2021 à 21h09

Près de cinq ans après les émeutes de juillet 2016 qui ont éclaté à Beaumont-sur-Oise après la mort d’Adama Traoré, le procès des tireurs présumés s’est ouvert ce lundi à 14 heures devant la cour d’assises du Val-d’Oise. Quatre hommes, dont Bagui Traoré, le frère d’Adama, sont accusés de tentative de meurtre en bande organisée pour avoir ouvert le feu sur les gendarmes et les policiers pendant trois nuits à Beaumont et à Persan. Sa compagne est accusée, pour sa part, de complicité de ces mêmes faits, suspectée d’avoir pris une partie active à l’organisation des tirs.

35 blessés, dont 13 par arme à feu

La première journée du procès a été marquée par l’audition du Général Thomas, qui dirigeait le groupement de gendarmerie du Val-d’Oise à l’époque. Il a détaillé à la cour le volet opérationnel des émeutes, cette première nuit vécue « comme un traumatisme » par les gendarmes et surtout sa volonté de préserver l‘intégrité et la paix sociale en interdisant à ses hommes le recours aux armes de guerre dont ils disposent. Des hommes qui étaient pourtant la cible de tireurs aux armes potentiellement létales et qui pouvaient, légalement, riposter. Une décision prise dans un contexte de « fureur » avec, pour bilan, détaille-t-il, « une centaine de coups de feu tirés sur les forces de l’ordre, 35 blessés dont 13 par arme à feu, une cinquantaine de véhicules incendiées et une population profondément traumatisée ».

« On n’est pas en guerre, même si on veut nous tuer »

« Il n’y a aucun blessé parmi les émeutiers, souligne tout d’abord le général de gendarmerie. Nous pouvions abattre les tireurs. Les unités disposent d’armes de guerre. J’ai donné l’ordre de ne pas les employer, indique-t-il à la barre de la cour d’assises. Je me rends compte alors qu’il ne va pas falloir rentrer dans une surenchère, risquer un engrenage. » À ce moment, il n’a pas connaissance des calibres et des munitions utilisés par les émeutiers. « Si le 19 juillet vous avez un jeune homme qui meurt dans une brigade et deux jours plus tard un autre sous les balles des gendarmes, que se passe-t-il ? Notre mission, c’est de rétablir la paix publique. On n’est pas en guerre, même si on veut nous tuer. Il fallait repousser au maximum l’usage d’une arme létale. Je considère alors que la situation n’est pas remplie. Les gendarmes disposent de protections balistiques. » Il admet avoir pris un risque pour les gendarmes et les policiers. « Cela m’a beaucoup taraudé. Effectivement, j’ai accepté de prendre ce risque, de le faire courir à mes hommes, parce qu’il le fallait. Je leur ai demandé de renoncer à leur droit de légitime défense. Les gendarmes mais aussi les policiers l’ont accepté pour préserver la paix publique. »

Devant le tribunal judiciaire, Assa Traoré avait auparavant réuni ses proches. Elle sera entendue comme témoin mardi soir. « Nous sommes ici, au tribunal de Pontoise, pour dire que notre frère est innocent. Bagui n’a jamais menacé ou blessé un gendarme. Cela fait cinq ans qu’il clame son innocence. Il n’y a aucun élément contre lui. » À nouveau, elle a dénoncé « l’acharnement de la justice contre la famille Traoré », reprochant aux gendarmes de se victimiser. « Alors que les gendarmes responsables de la mort d’Adama n’ont toujours pas été mis en examen, c’est notre petit frère qui se retrouve au tribunal. C’est de l’acharnement contre notre famille. C’est un procès politique. »

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