Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 07:52
 
Mère de famille éborgnée à Villemomble : les
policiers à nouveau acquittés

Les deux policiers jugés en appel ont été une nouvelle fois acquittés par la cour d’assises de Paris. Un de leurs tirs avait éborgné en 2013 une mère de famille, décédée depuis. La légitime défense a été retenue.

 
Par Nathalie Revenu
Le 12 mars 2020 à 21h47

Acquittés pour la seconde fois. Le verdict est tombé ce jeudi en début de soirée, après un délibéré fleuve de 9 heures. La cour d'assises de Paris réunie en appel estimé qu'Antoine C. 41 ans, et Mickaël S. 39 ans n'avaient pas agi de manière disproportionnée quand ils ont fait usage de leurs armes ce soir de juin 2013.

Ces deux policiers de la Bac 93 (brigade anti criminalité) étaient jugés pour des violences volontaires. Au cours d'une descente dans la cité de la Sablière à Villemomble en juin 2013, Antoine C., 41 ans, avait éborgné Fatouma Kébé, 54 ans, en lançant une grenade de désencerclement. Tandis que son fils, Mohamed, avait été blessé à l'oreille par Mickaël S.

Fatouma Kébé, qui est décédée l’an dernier d’une leucémie, avait perdu l’usage de son œil gauche lors d’une intervention de police en 2013 à Villemomble. LP/C.S Fatouma Kébé, qui est décédée l’an dernier d’une leucémie, avait perdu l’usage de son œil gauche lors d’une intervention de police en 2013 à Villemomble. LP/C.S  

« C'est un soulagement », confie Me Frédéric Gabet, avocat de Mickaël S. Son client était accusé d'avoir tiré au LBD de façon inappropriée et disproportionnée. Ce jeudi soir, les jurés en ont décidé autrement. « La légitime défense a été retenue », indique Me Gabet. Elle a nuancé ses motivations concernant Antoine C.. Il avait lancé une grenade et éborgné Fatouma Kébé.

"Ce n'est pas la notion de légitime défense qui lui a été appliquée mais celle de l'état de nécessité. Personne ne l'avait attaqué directement, mais il se trouvait bien dans une situation de danger. Il y avait aussi péril pour ses collègues qu'il devait protéger », a décrypté Me Gabet. Makan (à gauche) et Mohamed Kébé, fils de Fatouma, ont raconté lors du procès le bouleversement causé par la blessure de leur mère puis son décès. LP/N.R Makan (à gauche) et Mohamed Kébé, fils de Fatouma, ont raconté lors du procès le bouleversement causé par la blessure de leur mère puis son décès. LP/N.R  

Le verdict a été accueilli dans les larmes par la famille Kébé. « C'est un mauvais message envoyé à la population, a estimé Makan Kébé, l'un des fils de la victime, Fatouma. J'ai mal pour ma mère ».

Tout au long du procès, il avait été confiant. La balance semblait pencher en défaveur des policiers. Sylvie Kachaner, avocate générale, avait requis 18 et 6 mois de prison avec sursis sans réclamer d'interdiction d'exercer. Elle avait estimé que ces policiers « aux états de service excellents » avaient menti. « La riposte n'était pas proportionnée » et « la légitime défense n'était pas constituée », comme l'avait établi l'enquête de l'IGPN, la police des polices.

L'usage avait été jugé inapproprié et disproportionné par la police des polices. La grenade avait été lancée en l'air au lieu d'être roulée au sol. Le LBD n'avait pas été employé à une distance réglementaire et atteint un homme torse nu et désarmé.

Les policiers ont décrit des scènes de guérilla urbaine

Les nombreuses vidéos tournées par les riverains avaient contredit la version des policiers. C'est seulement à la suite du visionnage de ces documents, qu'Antoine C. reconnaîtra avoir lancé « en cloche » la grenade et non « en cuillère » en la faisant rouler à terre. Son collègue avait revu à la baisse la distance entre lui et Mohamed Kébé. Passés et repassés sur les écrans de la cour d'assises, ils avaient apporté un éclairage nouveau sur les rôles et attitudes de chacun.

Palais de justice de Paris (1er), mardi 10 mars. Maître Daniel Merchat, défenseur d’Antoine C., le policier qui a lancé la grenade. LP/NR Palais de justice de Paris (1er), mardi 10 mars. Maître Daniel Merchat, défenseur d’Antoine C., le policier qui a lancé la grenade. LP/NR  

Les accusés et l'un de leurs avocats Me Merchat ont rétorqué qu'elles n'offraient qu'un point de vue tronqué de la situation. Les policiers ont décrit de véritables scènes de guérilla urbaine ce soir-là : des groupes de jeunes » allant au contact » avec les forces de l'ordre et des riverains qui leur jetaient des projectiles. L'enquête administrative accablante pour les policiers l'avait été tout autant pour leur hiérarchie.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Vérité et Justice pour Ali Ziri
  • : Halte aux violences policières excessives et disproportionnées! Les droits humains ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de la sécurité.
  • Contact

Profil

Recherche

Catégories

Liens