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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 08:26
 
Mort lors d’une interpellation à Drancy : la thèse du
«syndrome asphyxique» confirmée

Philippe Ferrières est décédé, à 36 ans, lors de son interpellation le soir du 23 mai 2019. Le détail de la conclusion d’expertise de l’autopsie est accablant pour le policier qui a pratiqué une clé d’étranglement.

Par Maxime François
Le 9 mars 2020 à 13h26, modifié le 9 mars 2020 à 22h04

P. FERRIERES A ÉTÉ LAISSÉ A TERRE, ENTRAVÉ PENDANT AU MOINS 20MINUTES !!

 

Les conclusions de l'autopsie que nous révélons sont accablantes pour Pierre A., le brigadier qui a pratiqué une clé d'étranglement sur Philippe Ferrières, décédé lors de son interpellation, le 23 mai dernier à Drancy. Le document en date du 26 février jette une lumière crue sur les circonstances de la mort de ce père de famille de 36 ans, père d'un enfant de 7 ans.

Ses auteurs précisent notamment l'« aspect asphyxique des deux poumons », un « œdème cérébral avec suffisions (infiltration du sang dans les tissus) », une « lésion hémorragique récente au niveau de l'épiglotte (larynx) ainsi que des muscles latérolaryngés droits et gauches ». Des relevés « compatibles avec une mort par syndrome asphyxique secondaire à une compression cervicale », confirment les légistes.

« Caractère tardif ou imparfait du placement en PLS »

Cette note vient appuyer le discours l'ex-femme du défunt, q ui maintient depuis dix mois la version d'« un placage ventral, une clé trop musclée et trop longue, pratiquée alors que Philippe agonisait et qu' il avait pris de la cocaïne, ce que les fonctionnaires savaient ». Elle dénonce également « la lenteur des trois policiers primo intervenants alors que Philippe agonisait au sol, les mains entravées ».

Et pour cause : à la lecture de ce document, on se demande si Philippe Ferrières n'était pas déjà mort lorsque les fonctionnaires ont pensé à réagir, au moins vingt minutes après l'avoir laissé à terre et entravé. Les légistes précisent ne pas pouvoir savoir « si le placement immédiat en position latérale de sécurité — contesté par de nombreux témoins — aurait pu éviter l'asphyxie et le décès ».

« Le caractère tardif ou imparfait du placement en position latérale de sécurité » est noté, même si les spécialistes ne savent « dire s'il a pu occasionner ou aggraver les lésions constatées ». A la question de savoir si « les signes de compression » asphyxiques et l'examen des tissus permettent d'apprécier la force déployée (par le policier) », les médecins n'apportent pas non plus de réponse.

« Des similitudes avec le cas de Cédric Chouviat »

Le rapport n'évoque d'ailleurs pas l'incidence de la cocaïne sur son décès mais constate que « le sujet ne présente pas de signe d'une maladie ». Une donnée importante : peu de temps après les faits, le parquet avait communiqué que la drogue consommée par la victime aurait pu être « à l'origine d'une intoxication aiguë ».

"Dans cette affaire, il y a beaucoup de similitudes avec le cas de Cédric Chouviat », plaide Me Arié Alimi, sollicité par l'ancienne femme de Philippe Ferrières. L'avocat est aussi conseil de la famille de ce livreur à scooter victime d'un accident cardiaque après un contrôle de police le 5 janvier, à quai Branly (VIIe).

Violences et dégradations

Cette nuit du 23 mai, les conditions d'intervention sont complexes : c'est l'ex-femme de Philippe Ferrières qui avait appelé la police parce qu'il tente de s'introduire chez elle contre son gré, alcoolisé et sous cocaïne. L'ex-femme raconte que les addictions de son conjoint avaient eu raison de leur couple.

Depuis décembre 2018, il avait l'interdiction de l'approcher, dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Il aurait dû être jugé le 29 mai au tribunal pour des violences et dégradations, après avoir défoncé la porte d'entrée de son ex, le 10 décembre 2018.

Dans la foulée de la mort de Philippe Ferrières, l'IGPN avait été saisie, puis une information judiciaire ouverte le 4 juin pour recherche des causes de la mort.

Contactée, la Préfecture de Police de Paris n'a pas souhaité commenter « une enquête en cours ». Selon nos informations, les trois policiers primo intervenants, dont un brigadier, exercent toujours leur métier mais ne sont plus en poste à Drancy.

Interrogée au sujet des accusations d'habitants qui assurent que des policiers ont effacé des vidéos compromettantes, la préfecture de police nous avait indiqué que deux équipages de policiers avaient été entendus par l'IGPN. L'enquête pour recherche des causes de la mort est toujours en cours.

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