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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 09:01

https://www.mediapart.fr/journal/france/131219/jugee-defectueuse-mais-autorisee-par-castaner-gli-f4-la-grenade-de-trop

Jugée défectueuse, mais autorisée par Castaner:
GLI-F4, la grenade de trop
Par et

Les grenades lacrymogènes explosives GLI-F4 présentent de graves défauts « identifiés mais non résolus ». Dans une note datée du 4 janvier 2018 obtenue par Mediapart, le fabricant Alsetex en a informé le ministère de l’intérieur. Ce dernier continue de les autoriser dans les opérations de maintien de l’ordre. Lors des mouvements des « gilets jaunes », cinq personnes ont eu la main arrachée par ces grenades.

La grenade GLI-F4 est dangereuse. Comme sa cousine OF1, interdite après la mort de Rémi Fraisse. Les manifestants gilets jaunes et zadistes le savent bien. C’est une petite bombe de 25 grammes de tolite (TNT) responsable de graves blessures, et de plusieurs amputations ces deux dernières années. Ce que les manifestants ignorent, c’est que le fabriquant lui-même la juge aussi dangereuse, et même défectueuse.

L’entreprise Alsetex, filiale du groupe Étienne Lacroix, a ainsi informé le ministère de l’intérieur le 4 janvier 2018 que ses grenades lacrymogènes instantanées GLI-F4 présentaient de graves défauts « identifiés mais non résolus », dans une note que Mediapart a pu se procurer. Or, en dépit de cet avertissement, le ministère continue à en autoriser l’emploi lors des opérations de maintien de l’ordre. Le fabricant met pourtant en garde contre cette grenade qui a déjà causé « plusieurs accidents corporels graves » et dont les parties contenant la charge explosive doivent subir « un traitement […] qui est très artisanal et très controversé en interne », du fait du « risque [de] sécurité ».

Utilisées pour disperser la foule lors des manifestations des « gilets jaunes », les GLI-F4 ont mutilé cinq personnes, qui ont perdu une main, et en ont blessé vingt-huit par leurs éclats sur différentes parties du corps. Selon les données communiquées au Conseil d’État par le ministère de l’intérieur, en mai dernier, 1 738 GLI-F4 aurait été employées dans le cadre de la crise des gilets jaunes.

Selon la Direction générale de la police nationale (DGPN), jointe par Mediapart, l’institution policière – hors gendarmerie – disposerait encore de « 10 000 grenades GLI-F4 en stock » et « 583 grenades GLI-F4 ont été utilisées entre janvier 2018 et ce jour »« La GLI-F4 est actuellement en phase de retrait définitif pour être remplacée par la GM2L, dont le déploiement progressif a été lancé depuis 2018. Si des dégradations des grenades sont constatées, elles sont immédiatement retirées du stock », a indiqué la DGPN, reconnaissant ainsi être effectivement confrontée à des difficultés avec ces munitions.

(...)

Au contact de la grenade GLI-F4, « les os et la main peuvent eux-mêmes devenir des projectiles »

Bien que parfaitement informé de ces dysfonctionnements, le ministère de l’intérieur continue pourtant d’écouler les stocks de GLI-F4, notamment pour des raisons économiques. Une source proche de la gendarmerie nationale estime « qu’une grenade GLI-F4 sur trois est défectueuse. Mais on ne peut le savoir qu’en la tirant. Et, en stock, il en reste de quoi tenir jusqu’à l’été 2020. Soit plusieurs milliers de grenades ». 

(...)

Le nombre de mutilés et la gravité des blessures occasionnées par cette grenade ont conduit un collectif de six avocats (Arié Alimi, William Bourdon, Chloé Chalot, Raphaël Kempf, Céline Mokrane et Aïnoha Pascual) à demander son interdiction. Leur recours n’a pas pour objet d’engager la responsabilité de l’État du fait « de la  faute commise, par les forces de l’ordre, dans l’usage des grenades » mais « de faire constater l’illégalité manifeste de l’utilisation de la grenade GLI-F4, en maintien de l’ordre, du fait de ses caractéristiques intrinsèques, dont découle sa dangerosité ».

 

Ils déplorent qu’une « logique économique qui consiste à épuiser les stocks », alors que « les GLI-F4 sont susceptibles de tuer », puisse ainsi être « mise en balance avec les droits et libertés fondamentales, dont le droit à la vie ». Le Conseil d’État a rejeté leur requête en juillet dernier.

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