Marielle Franco, 38 ans, enfant des favelas cariocas, a été tuée, mercredi, pour un motif encore inexpliqué.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Le cercueil de Marielle Franco avait à peine franchi les portes du cimetière de Caju, à Rio de Janeiro, jeudi 15 février, qu’une foule, sonnée et révoltée, scandait, dans plus d’une dizaine de capitales régionales du Brésil, le nom de la militante de gauche assassinée. « Ce tir était adressé au peuple », « Pour que le deuil se transforme en lutte. Marielle Franco, présente ! », « La vie des Noirs et des LGBT comptent. Marielle Franco, présente ! », pouvait-on lire sur les banderoles à Sao Paulo, Rio de Janeiro ou Belo Horizonte.
Conseillère municipale de Rio pour le Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche), Marielle Franco, 38 ans, enfant des favelas cariocas, militante des droits de l’homme, des femmes et de la cause noire, a été tuée vers 21 h 30, mercredi, après avoir reçu quatre balles dans la tête alors qu’elle était assise sur le fauteuil arrière de son véhicule. Son chauffeur, Anderson Pedro Gomes, a lui aussi succombé à une rafale de tirs. La police émet l’hypothèse d’un assassinat : les criminels ont pris la fuite sans dérober quoi que ce soit.
Aucun indice ne permet à ce stade d’éclairer le motif du crime. Mais une partie des Brésiliens imagine une vengeance de la part des policiers quand l’autre partie voit une démonstration patente de l’échec de l’intervention fédérale.
« Marielle avait été nommée rapporteure de la commission parlementaire des conseillers municipaux sur l’intervention fédérale. Elle habitait la favela de Maré. Elle venait de rédiger son master dont le titre était : “UPP : la favela au-delà de trois lettres”, rapporte un porte-parole de l’ONG Amnesty International. Il faut une enquête immédiate et rigoureuse. Il ne peut y avoir de doutes sur le contexte, les motivations et l’auteur de l’assassinat de Marielle Franco. »
« Marielle n’a pas été choisie par hasard. Les positions qu’elles prenaient ont à voir avec son exécution. C’était une femme, noire, lesbienne, de la favela, de gauche et du PSOL », ajoute Jean Wyllys, député du PSOL, qui espère faire de la mort de sa consœur l’« emblème de la lutte de ce qu’il reste de démocratie au Brésil ».
Conscient de l’émoi, le président Michel Temer a condamné un « acte lâche », promettant que le crime ne resterait pas impuni, sans remettre en question l’intervention militaire à Rio.