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10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 16:11
 
 
Villeron : les habitants pénètrent
en force dans le campement rom,
détruit ensuite à la pelleteuse

Environ 200 personnes ont manifesté contre la présence d’un camp de Roms dans le bois jouxtant la commune. Ils ont mis en fuite les familles installées illégalement avant d’entrer en nombre et de commencer à détruire eux-mêmes des cabanes de fortune. Une pelleteuse a finalement rasé toutes les baraques

 
Par Marie Persidat 
Le 5 février 2023 à 20h11

Ils manifestaient pour obtenir l’évacuation du camp de Roms installé dans le bois de leur village. Les habitants de Villeron (Val-d’Oise) se sont finalement fait justice eux-mêmes. « On a gagné ! » criaient ainsi certains d’entre eux ce dimanche après-midi alors que les familles de Roms, apeurées, avaient quitté les lieux peu avant.

Vers 15 heures, les 200 manifestants qui s’étaient rassemblés ont envahi soudainement le camp vidé de ses occupants. La manifestation annoncée comme « pacifique » ressemblait pourtant à une sortie du dimanche au départ. Tout le monde était venu en famille, poussettes et trottinettes roulant au milieu du cortège. Mais cela n’a pas empêché la quasi-totalité des manifestants de se précipiter dans le bois pour rentrer dans les baraques, filmer, prendre des photos et commencer à détruire les cabanes de fortune à main nue ou avec des planches et des barres.

Une pelleteuse est arrivée vers 15 heures et a finalement tout rasé dans le campement.

Coups de pied, coups d’épaule, tout est alors bon pour abattre ces cabanes qui ont cristallisé les peurs ces dernières semaines. Cette scène surréaliste a finalement été écourtée par les gendarmes qui ont demandé aux habitants de sortir du bois. Une pelleteuse est ensuite arrivée sous les hourras et les applaudissements. La machine a détruit toutes les baraques, ne laissant au sol qu’un amas de détritus, avant de creuser une tranchée pour éviter toute nouvelle occupation.

« Scandaleux », pour la Ligue des droits de l’homme

« C’est un phénomène assez nouveau, une sorte de radicalisation », s’inquiète Jean-Claude Vitran représentant de la Ligue des droits de l’homme du Val-d’Oise. « Qu’on ne soit pas d’accord avec la présence des Roms je le conçois, mais qu’on en arrive à une telle radicalité, c’est dramatique et scandaleux. »

Comment en est-on arrivé là justement ? À la fin du mois d’octobre, des membres de la communauté des Roms sont arrivés dans le petit bois jouxtant la commune d’environ 2 000 habitants. « C’est un espace boisé classé », pointe le maire (SE) Dominique Kudla. Les 25 ha appartiennent à la communauté d’agglomération Roissy Pays-de-France.

Les occupants illégaux, une centaine de personnes a priori, même si aucun comptage officiel n’existe, ont petit à petit aménagé des baraques de fortune sous les yeux affolés de la population du village tout proche. « C’est une forêt où nous faisions du vélo, nous allions nous promener avec les enfants, raconte Jean-Pierre, un habitant. Tout le monde y allait dans ce bois ! Mais avec les Roms, plus jamais, on ne se sent pas en sécurité. »

Le cortège se dirige jusqu'au campement de la communauté rom.
Le cortège se dirige jusqu'au campement de la communauté rom.

Les riverains dénoncent les dégradations commises par les occupants. « Ils font des feux tous les soirs, c’est très dangereux ! D’ailleurs les pompiers interviennent tout le temps sur place », peste Martine. « Et puis ils coupent des arbres ! On en a marre que la loi ne soit pas la même pour tous. » De nombreux habitants évoquent également un climat d’insécurité qui serait lié à l’existence du camp. « Il y a même des habitants qui organisent des rondes le soir pour prévenir les cambriolages », nous souffle-t-on. Ni la gendarmerie ni la municipalité n’évoquent une hausse des chiffres de la délinquance.

« Dehors les Roms », crient les villageois

Mais il y a quelques semaines, les collectivités ont fait creuser une tranchée autour du camp, « pour contenir son expansion ». Mais l’exaspération des villageois n’a fait que croître et une première manifestation a été organisée le dernier dimanche de janvier. Un nouvel appel était lancé pour le 5 février et cette fois-ci le nombre de manifestants avait doublé. Ils ont marché du centre-ville jusqu’au lieu d’occupation en brandissant des pancartes marquées « rendez-nous notre bois ! »

Malgré le déploiement des forces de l’ordre — entre quarante et cinquante gendarmes aidés de quelques policiers — la tension était palpable. « Dehors les Roms ! Villeron ne veut pas de vous ! » hurlaient les habitants au mégaphone. « Villeron n’est pas une poubelle ! » De l’autre côté du cordon de gendarmerie, des familles également mais de la communauté rom, regardaient le spectacle, pétrifiées. Les manifestants essayant par tous les moyens d’entrer, et certains réussissant en passant par l’arrière, les gendarmes ont finalement ouvert un passage pour laisser les Roms prendre la fuite entassés dans sept camionnettes.

« La stratégie, ce n’est pas de discuter mais d’être acteur », assène le maire

C’est à ce moment-là que la foule déchaînée a finalement eu raison des efforts des forces de l’ordre. Une marée familiale s’est alors déversée en courant dans le camp. « Heureusement qu’on a gagné sinon on aurait foutu le feu », marmonne un homme d’un certain âge en déambulant dans les allées boueuses. Une fois l’effervescence un peu retombée, la foule s’est retirée, obéissant finalement aux gendarmes. Et surtout pour laisser la place à… une pelleteuse. En une demi-heure, toutes les baraques ont été réduites en petits morceaux.

« La stratégie, ce n’est pas de discuter mais d’être acteur », assène le maire Dominique Kudla qui a organisé l’opération, « avec l’aval de l’intercommunalité », nous assure-t-il. Reste maintenant à tout déblayer. « Nos administrés sont prêts à venir faire le tri et nettoyer », assure l’élu.

Vendredi dernier, une audience a eu lieu au tribunal administratif à la suite du recours déposé par la communauté d’agglomération Roissy - Pays-de-France pour demander l’évacuation du camp. Les débats n’ont pu avoir lieu, en l’absence d’un représentant de la communauté rom, et ont été remis à plus tard. Mais Villeron a décidé d’employer la méthode forte.

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