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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 13:53

15 décembre 2022

Accusé d’avoir uriné sur des mineurs,
un policier municipal de Saint-Ouen
condamné à un an de prison ferme

Cédric G. était jugé jeudi par le tribunal de Bobigny pour violences et exhibitions sexuelles. Si le procureur exigeait six mois de prison ferme, les juges sont allés plus loin du fait d’une précédente condamnation. 

David Perrotin

15 décembre 2022 à 20h47

AprèsAprès les révélations de Mediapart sur les violences de la police municipale de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le seul agent poursuivi, Cédric G., était jugé jeudi 15 décembre devant le tribunal de Bobigny.

Il s’agissait de revenir sur cette soirée du 17 mars 2021, lorsque Cédric G. et ses collègues ont interpellé Thibault*, 14 ans, Sammy* et Mehdi*, 16 ans, leur reprochant de ne pas respecter le couvre-feu. Les policiers étaient accusés de les avoir frappés et d’avoir tenu des propos racistes. Cédric G., lui, avait également sorti son sexe pour, selon les parties civiles, uriner sur Thibault et Sammy.

Désormais policier municipal au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), affecté au standard téléphonique, et toujours en poste, Cédric G. a reconnu avoir frappé Thibault, 14 ans, disant « avoir perdu la raison ». Il a malgré tout persisté à nier avoir uriné sur les deux mineurs, expliquant s’être simplement « pincé le sexe à cause de problèmes à sa prostate ».

"Cédric G. ne devrait pas être le seul ici, c’est toute cette brigade qui pose problème."

Me Kathleen Taieb, avocate de Thibault, 14 ans

Mes Kathleen Taieb et Dominique Tricaud, les avocat·es de Sammy et Thibault, ont insisté sur le fait qu’il avait « évidemment uriné sur eux ». Ils ont rappelé les déclarations des collègues du policier et les nombreux témoignages qui rendent cette version parfaitement crédible. « Uriner sur des gamins enchaînés, c’est dégueulasse. C’est l’une des pires humiliations, a dénoncé Dominique Tricaud, l’avocat de Sammy et de la mairie de Saint-Ouen, partie civile dans cette affaire. Je voudrais que ce traumatisme soit reconnu dans son entièreté. »

Un policier condamné un mois avant les faits  

Me Kathleen Taieb a ensuite critiqué le travail du procureur, qui a fermé les yeux sur de nombreux autres délits. Il n’a en effet pas retenu le jet d’urine comme des « violences volontaires » et a décidé de poursuivre uniquement Cédric G., malgré les nombreuses accusations qui pesaient sur les autres policiers de la brigade.

« Cédric G. ne devrait pas être le seul ici, c’est toute cette brigade qui pose problème. Une brigade en roue libre avec des policiers qui se comportent comme des cow-boys », a-t-elle dénoncé avant de lister toutes les infractions oubliées par le procureur de la République.

Lors de ses réquisitions, Loïc Pageot, le procureur de la République, a tenté de justifier pourquoi Cédric G. était le seul à la barre et pourquoi il n’avait retenu que très peu de qualifications : « J’ai préféré m’en tenir aux infractions qui sont incontestables. »

Le magistrat a toutefois été extrêmement sévère à l’égard de son comportement. « Je n'ai pas la moindre compassion pour Cédric G. Son comportement est inqualifiable, car il a sali au sens propre comme au sens figuré les victimes, a-t-il fustigé. Il a aussi sali l’honneur de la police en général et de la ville de Saint-Ouen. » 

S'il estime qu’il est « certain » que Cédric G. a bien uriné en direction des mineurs en plus de les avoir frappés, le procureur dit manquer de preuves pour retenir le jet d’urine. « Nous aurions une vidéo, cela nous aurait beaucoup aidés. Et force est de reconnaître que sans vidéo, je me sens parfois bien démuni. J’ai bien conscience de parfois classer des procédures car je n’ai pas cette preuve formelle de la vidéo. » Et de conclure : « C’est une humiliation volontaire. C’est un comportement qu’on voit parfois dans des scènes de guerre que je ne veux pas voir au sein de la police. »

Parce que Cédric G. avait été condamné à six mois de prison avec sursis un mois avant ces faits pour avoir porté illégalement un fusil de calibre 12 dans un cadre privé, le procureur a demandé la plus grande sévérité. « Il a eu un avertissement avec sa première condamnation », a rappelé Loïc Pageot, qui a requis une peine de six mois de prison ferme, assortie d’une interdiction pendant cinq ans d’exercer un métier dans la fonction publique ou en lien avec la sécurité. 

Les juges sont allés encore plus loin puisqu'ils ont décidé de révoquer le sursis de la précédente condamnation. Ils condamnent Cédric G.  à douze mois de prison ferme mais ordonnent un aménagement de peine. L’ex-policier n’a plus le droit de travailler au sein de la police pendant cinq ans et devra indemniser les victimes.

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