Offensive assassine - au sens propre- contre Maître Bouzrou, avocat des familles des morts aux mains de la police, défenseur d'Abou Bakari Tandia, et actuellement d'AdamaTraoré et de Zineb Redouane.
Le montage animé présenté par Jade Partouche, salué par la présentatrice de l’émission le Club, Valentine Desjeunes, déclarant rigolarde : «Merci au service infographie qui nous a gâtés cet après-midi.» .
Toutes la série des discriminations racistes qui frappent les « quartiers populaires », sont énoncées dans l’ordre pour détruire sa réputation. Son parcours n’est pas hors normes, il est anormal aux yeux des "journalistes" de LCI !
Comment né en banlieue, issu d’une famille immigrée marocaine, extrêmement pauvre, ayant grandi dans une cité, ayant été « viré » trois fois d’école, ayant échoué au Bac L, n’ayant obtenu qu’un bac STT…. Comment peut-il avoir un cabinet près du Palais de Justice de Paris ? Comment peut-il compter parmi les avocats les plus renommés ?
Insupportable pour "l’establishment médiatique" de LCI et consorts. D’où ce montage insultant et raciste, illustrant l’échec scolaire avec un « bonnet d’âne » :
La punition humiliante du bonnet d’âne, désignait le porteur comme « bête », stupide, bourrique, comme ces bourricots, « petits ânes d’Afrique du Nord ». L’inconscient colonial se revigore dans la haine de classe.
Ce dénigrement, les jeunes issus des "quartiers " le vivent au quotidien, il est plus féroce encore pour ceux qui s'en sortent et restent fidèles à leur camp !
Yassine Bouzrou s’est construit dans l’adversité, et il a réussi ! Insupportable pour l'entre-soi oligarchique !
l’ordre dans l’exercice de leur métier, est un droit et
doit le rester
Politis s'associe à l'appel collectif initié par Reporters en colère contre les intentions du ministre de l'intérieur Christophe Castaner d'empêcher le travail des journalistes en contrôlant la publication d'images de policiers, notamment lorsqu'ils commettent des violences.
Mediapart a révélé le 16 février 2020 que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, « envisage[rait] de contrôler la diffusion des vidéos [montrant des violences policières]. Selon (...) la Direction générale de la police nationale (DGPN), une étude sur des “ évolutions juridiques ” est actuellement menée pour rendre notamment obligatoire le floutage de tous les agents. » Une information démentie par le ministre le 19 février 2020, mais bien confirmée par ses propres services quelques heures plus tard.
Nous, journalistes – reporters d’images, photojournalistes, rédacteurs, rédactrices, titulaires de la carte de presse ou non –, associations de défense des droits humains et usagers des médias, tenons à alerter l’opinion publique sur de telles menaces. Il en va de la liberté de la presse et, plus largement, du droit d’informer et d’être informé·e. Le floutage aurait pour conséquence directe, en premier lieu, de compliquer et de ralentir fortement la diffusion des images d'opérations policières – notamment en matière de maintien de l’ordre –, de sorte que ces images seraient bien moins nombreuses à être mises en circulation.
Or, sans ces vidéos, la réalité des violences policières resterait trop souvent invisibilisée, niée dans son existence même. Elle l’a trop souvent été dans les quartiers populaires d’abord, dans les manifestations, aux abords des lycées, sur les piquets de grève, et désormais contre nous, journalistes de terrain et associations de défense des droits, qui les documentons et participons à les visibiliser, via nos enregistrements, souvent diffusés sur les réseaux sociaux et repris par les médias traditionnels.
L’existence d’images les attestant, et la possibilité même d’enregistrer et de les diffuser, rend leur réalité tangible contre les dénégations répétées des autorités françaises ces derniers mois, ces dernières années. Ces vidéos peuvent aussi constituer des éléments de preuve pour la justice, comme pour la mort de Cédric Chouviat, d’Aboubakar Fofana, et d’autres victimes.
Alors que la multiplication des images ces dernières années a permis à la société entière de progresser dans la prise de conscience de l’existence des violences policières, la publicité de ces images provoque des réactions visant à renforcer l’anonymat des forces de l’ordre et participe de leur impunité. Nombre de policiers et policières en maintien de l’ordre opèrent désormais masqué·es (visages camouflés, casque, cagoule, numéro de matricule – RIO – absent), au mépris des lois et des obligations déontologiques, notamment rappelés par le Défenseur des droits. Il s’agirait, si la Place Beauvau accédait aux demandes de certains syndicats de police, de rendre toujours plus difficile l’accès à une information indépendante sur le travail de la police.
Devons-nous rappeler que la force publique, au service de tous, doit être observable en tout temps, par toutes et tous ? Dans un État de droit respectueux du droit international, la liberté d’informer, et donc le droit de filmer la police, prime sur le respect de la vie privée dès lors qu’il s’agit de filmer des fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction, sans porter atteinte à leur dignité.
Ce principe a été exprimé à plusieurs reprises, tant par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), que par le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion et d’association. Non seulement il serait dangereux de renforcer l’anonymat des policiers et policières, mais il y a même lieu, au contraire, de renforcer les possibilités de leur identification pour prévenir les violences policières, notamment via le respect du port du numéro de matricule (RIO).
Le port de ce numéro est en effet obligatoire, conformément à l’article R434-15 du code de la sécurité intérieure qui dispose que : « Le policier ou le gendarme exerce ses fonctions en uniforme. Il peut être dérogé à ce principe selon les règles propres à chaque force. Sauf exception justifiée par le service auquel il appartient ou la nature des missions qui lui sont confiées, il se conforme aux prescriptions relatives à son identification individuelle. »
Il n’y a aucune raison pour que de telles études se poursuivent. Pour que vive la liberté de la presse ! Pour que vive le droit à l’information et le droit d’informer ! Filmer les agents des forces de l’ordre, sans les anonymiser, dans le cadre de l’exercice de leur fonction doit rester un droit !
Paris, ce 21 février 2020
SIGNATAIRES :
Collectif REC (Reporters En Colère) – SNJ (Syndicat National des Journalistes) – SNJ-CGT (Syndicat National des Journalistes CGT) – Syndicat interprofessionnel de la presse, des médias, de la culture et du spectacle - SIPMCS-CNT – Syndicat Général des Journalistes Force Ouvrière (SGJ-FO) – CFDT - Journalistes – Fédération Européenne des Journalistes (EFJ) – Profession : Pigiste – Ras-la-Plume – Collectif YouPress – Amesty International – LDH – ATTAC – ACRIMED – Solidaires – Collectif LaMeutePhoto – Collectif OEIL – Collectif MacadamPress – Collectif Extra Muros – Mr Mondialisation – Taranis News – Là-bas si j’y suis – Source-média – Media 25 – Bastamag – Politis – StreetPress – Radio Parleur – SDJ Mediapart – SDJ LeMédiaTV – Arrêt sur Image – Collectif GERDA – Me Arié Alimi – David Dufresne – Sihame Assbague – Samuel Gontier
Après la mort de Mehdi Bourogaa lors d'une course-poursuite vendredi soir, les habitants de la cité Maison-Blanche, dans le 14e arrondissement, appellent à une marche blanche et réclament la vérité sur les circonstances du drame. Une enquête de l'IGPN a été ouverte.
Un temps de «calme et de silence». C’est par une marche blanche que les habitants de la cité Maison-Blanche veulent répondre à l’émoi suscité par la mort de Mehdi Bourogaa, 18 ans, tué par un policier lors d’une course-poursuite vendredi soir, dans une cité de Marseille. Aux côtés de ses proches, ils partiront samedi à 11 heures de Maison-Blanche, la copropriété du 14e arrondissement d’où était originaire le jeune homme. Un cortège pour mémoire, mais aussi pour apaiser l’émoi qui remue depuis quatre jours le quartier, où l’on s’interroge sur les circonstances exactes de la mort du jeune homme.
Témoignages contraires
Il est 19 h 30 vendredi lorsque les policiers sont avertis d’un vol à main armée en cours dans un magasin Lidl, quartier des Chartreux (4e arrondissement). Selon le parquet de Marseille, «au moins trois malfaiteurs prenaient la fuite […] avant d’être repérés» par une équipe de la brigade anticriminalité qui prend alors en chasse leur voiture. Celle-ci finit par s’arrêter dans la cité des Marronniers, dans le 14e. C’est là que les témoignages divergent. Selon un communiqué du parquet, «un fonctionnaire de police a ouvert le feu à plusieurs reprises après avoir été lui-même, puis un de ses collègues, mis en joue par un des malfaiteurs armé d’un fusil». Touché par les balles des policiers, Mehdi Bourogaa, ne survivra pas. Mais à Maison-Blanche, les habitants ont recueilli d’autres témoignages venus de la cité des Marronniers qui indiquent que le jeune homme, qui sortait tout juste de la voiture pour fuir, n’avait pas son arme pointée vers les policiers. Toujours d’après ces témoins, Mehdi Bourogaa «aurait été menotté et roué de coups» une fois à terre, avant de mourir.
Le parquet a saisi l’IGPN pour déterminer dans quel contexte les policiers ont fait usage de leur arme. «On veut faire la lumière sur cette histoire. On a confiance en la justice mais il y a de l’incompréhension et de la colère dans le quartier», relève Nair Abdallah du collectif Maison-Blanche, qui accompagne au quotidien les habitants de cette copropriété très dégradée, où le mal-logement chronique et l’abandon des pouvoirs publics accentuent encore le sentiment de défiance.
«On s’est battus pour ce jeune, on ne l’a jamais vu avec une arme. Quand on a appris la nouvelle, on était abasourdis. Y a quelque chose qu’on a raté… Le problème, ce n’est pas qu’il ait participé à un braquage, c’est pourquoi ce jeune s’est levé ce matin pour aller braquer», confie Nair Abdallah. Mehdi, qui avait déjà fait de la prison pour braquage par le passé, «est comme 95% des jeunes de ces quartiers populaires», insiste-t-il : «Il y a les trafiquants qui roulent en grosse voiture et il y a surtout leurs petits frères, qui galèrent, qui n’ont rien. Malgré les conneries qu’il a pu faire, Mehdi était juste un enfant qui a voulu se faire de l’argent. On aurait préféré entendre qu’il s’était pris trente ans de taule mais qu’il soit en vie.»
«Politiques à deux francs»
Les réactions politiques, en pleine campagne électorale, ne se sont pas fait attendre. Dès vendredi soir, le sénateur RN Stéphane Ravier, tête de liste dans ce secteur déjà tenu par son parti depuis six ans, se mettait en scène devant la cité des Marronniers pour «féliciter ces hommes de la BAC», reprenant d’ores et déjà pour vérité la thèse de la légitime défense alors que l’enquête de l’IGPN est toujours en cours. «Je ne me réjouis pas de la mort de qui que ce soit, même d’une crapule, même d’un braqueur. Ce dont je me réjouis, c’est que les policiers qui sont intervenus sont sains et saufs. […] J’espère qu’ils ne seront pas la cible de toutes les tracasseries administratives…» a développé le frontiste.
A droite toujours, c’est le candidat de Martine Vassal (LR) sur ce secteur, le général de gendarmerie David Galtier, qui a réagi dimanche soir, alors qu’une soixantaine de personnes manifestaient leur colère devant l’hôtel de police de Marseille, où deux personnes avaient été placées en garde à vue dans l’affaire du braquage du Lidl – l’une d’entre elles a depuis été libérée. «Totalement indigné» par ce rassemblement qu’il attribue à «l’ultragauche et ses soutiens», le candidat, qui dit d’abord ne vouloir faire «aucun commentaire supplémentaire» sur les circonstances de l’affaire, finit par en faire tout de même, apportant «simplement» son «soutien fort et entier aux forces de l’ordre, qui ont été menacées et mises en danger par ceux qui venaient de commettre un braquage extrêmement violent». Tout en «déplorant sincèrement» la mort du jeune homme.
«Faut qu’ils arrêtent, ces politiques à deux francs, de susciter la haine avec ce genre de phrase. Qu’ils nous laissent le temps du deuil avant de s’acharner et de parler d’ultra-gauche ou de jeunes des cités», balaie Nair Abdallah, qui voudrait surtout que la famille puisse vivre son deuil en paix. C’est le sens de la marche blanche organisée samedi, auquel sont invités à se joindre «tous ceux qui ont été blessés par cet événement».
La Marche des Solidarités aura lieu le 21 mars à Paris, à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme et fait partie d’une journée de manifestations internationales contre le racisme et le fascisme avec des manifestations déjà annoncées dans de nombreux pays.
Ce sera sa troisième édition dans la lutte contre le racisme, la chasse aux migrantEs et les violences policières.
MARCHE DES SOLIDARITÉS
Samedi 21 mars – 14H - Opéra
« Quand des milliers de migrantEs sont mortEs chaque année, noyéEs, électrocutéEs, asphyxiéEs sur les routes de la migration à cause du système des frontières et des politiques anti-migratoires je n’ai rien dit. Je n’étais pas migrantE.
Quand les sans-papiers ont été enferméEs dans des centres de rétention je n’ai rien dit. Je n’étais pas sans-papier.
Quand des campements de Rroms ont été expulsés ou attaqués je n’ai rien dit. Je n’étais pas Rrom.
Quand les foyers de travailleurs immigrés ont été détruits, leurs salles collectives fermées, je n’ai rien dit. Je n’étais pas travailleur immigré.
Quand des jeunes des quartiers populaires ont été tués par la police je n’ai rien dit. Je n’étais pas noir ou arabe.
Quand un père de famille chinois a été tué chez lui par la police je n’ai rien dit. Je n’étais pas asiatique.
Quand des jeunes musulmanes ont été exclues de l’école, agressées dans les rues à cause de leur foulard je n’ai rien dit. Je n’étais pas musulmanE.
Quand des mosquées et des synagogues ont été attaquées je n’ai rien dit. Je n’étais ni musulmanE ni juif/juive.
Quand ils s’en sont pris aux Gilets Jaunes et aux grévistes je ne les ai pas soutenuEs. Quand la police a mutilé des manifestantEs, je n’ai rien dit. Je n’étais pas en grève.
Quand la société est devenue invivable et que les fascistes ont pris le pouvoir je n’ai rien pu faire. Il n’y avait plus personne pour résister. »
JAMAIS ÇA !
Alors le samedi 21 mars on manifeste POUR :
La liberté de circulation et d’installation. La régularisation des sans-papiers.
La fermeture des centres de rétention.
L’égalité des droits pour touTes dans tous les domaines (travail, logement, santé, éducation…). Le droit de vote des étrangerEs.
La fin des contrôles au faciès et des violences policières. Vérité et Justice pour les familles de victimes.
L’abrogation des lois et mesures islamophobes. La fin des discours stigmatisants.
A l'occasion de la marche traditionnelle, depuis 2011, des familles victimes de violences policières pour la Journée internationale de lutte contre les violences policières.
Nous exigeons l'interdiction des techniques mortelles d'immobilisation et des armes de guerre en maintien de l'ordre.
Cette initiative est lancée par le Collectif Vies Volées (Paris, 20e), le Comité Adama (Beaumont-sur-Oise, 95, et Ivry, 94), la famille Dieng et le comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng (Paris, 20e), la famille d'Abou Bakari Tandia (Courbevoie, 92), la famille de Tina Sebaa (Saint-Fons, 69), la famille de Baba Traoré (Joinville-le-Pont, 94), la famille d'Abdelhakim Ajimi (Grasse, 06), la famille de Mahamadou Marega (Colombes, 92), la famille de Mahamadou Marega (Ivry, 94), la famille de Youcef Mahdi (Melun, 77), la famille d’Angelo Garand et le collectif Justice pour Angelo (Blois, 41), Awa Gueye et le collectif Justice et Vérité pour Babacar Gueye (Rennes, 35), le comité Justice et Vérité pour Wissam El Yamni (Clermont-Ferrand, 63), le comité Vérité et Justice pour Gaye Camara (Champs-sur-Marne, 77), le collectif Selom et Matisse (Lille, 59), le comité Justice pour Ibrahima Bah (Villiers-le-Bel, 95), le comité Vérité pour Curtis (Massy, 91), le comité Vérité et Justice pour Morad Touat (Marseille, 13), le comité Justice pour Liu Shaoyao (Paris, 19e), le comité Vérité et Justice pour Ali Ziri (Argenteuil, 95), Haby Koumé sœur d’Amadou Koumé (Saint-Quentin, 02), les parents et la sœur de Rémi Fraisse, le collectif Vérité et Justice pour Mehdi (Vaux-en-Velin, 69), Florica Floarea et le comité Vérité et Justice pour Dorel (Vigneux-sur-Seine, 91), Salah Zaouiya et l’association Mémoire Jawad Zaouiya (Mantes-la-Jolie, 78), Justice pour Mehdi Bouhouta (Vaux-en-Velin, 69), la famille Touré et le comité Vérité et Justice pour Zakaria (Troyes, 10), Siaka Traoré, frère de Bouna (Clichy-sous-Bois, 93), Geneviève Legay (Nice, 06), Franck Lambin, père d’Allan (Saint-Hilaire-des-Landes, 35), le comité Vérité et Justice 31, Fatiha, mère d'Hocine, et le comité Vérité et Justice pour Hocine Bouras (Colmar, 68), Milfet, fille de Zineb Redouane, l’Assemblée des Blessés et les Mutilés pour l’exemple.
Depuis plusieurs années, des membres d’ONG et d’associations s’attachent à documenter le déroulé des manifs et à recenser les brutalités des forces de l’ordre. Problème : eux aussi en font les frais.
A Paris, le 11 janvier.Photo Karim Daher. Hans Lucas
«La LDH, je vous emmerde, vous nous pétez les couilles.» Ces mots, prononcés par un policier en uniforme et encagoulé, visent un groupe d’observateurs de plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH). La scène, filmée par la chaîne russe RT, se déroule le 28 septembre à Toulouse, lors d’une manifestation de gilets jaunes. Les membres de plusieurs ONG sont facilement identifiables à leurs casques bleu clair et à leurs gilets bleu et jaune. Au même moment, un commissaire, écharpe tricolore en bandoulière (il représente le préfet sur le terrain) et visage masqué également, fouille le sac de l’un des observateurs. Il y découvre une cartouche de lanceur de balles de défense (LBD) recueillie au sol, qu’il brandit : «Vous avez une autorisation ? Aucune ? Vous n’avez pas le droit, Monsieur, vous voulez qu’on vous emmène ? Vous n’avez pas à récupérer des munitions.» Puis, il demande au groupe de quitter les lieux, car, «quelle que soit votre qualité, quand on fait des sommations, vous devez vous disperser». Quelques minutes avant cet échange, une autre vidéo, tournée par l’un des militants, atteste que ces observateurs ont été ciblés par une charge des forces de l’ordre alors qu’ils se trouvaient dans une petite rue vide.
(...)
«Ce travail s’inscrit dans une tradition à la Ligue des droits de l’homme, rappelle Michel Tubiana, président d’honneur de l’association. Par le passé, nous avons publié un rapport d’enquête sur la mort de Malik Oussekine en décembre 1986 [tué par des «voltigeurs», ndlr], ou encore sur les événements d’Ouvéa d’avril-mai 1988 [21 morts lors d’un assaut du GIGN à la suite d’une prise d’otages en Nouvelle-Calédonie]. Ce qui est nouveau, c’est de systématiser ces observations dans les manifestations.»
Lors du mouvement contre la loi travail en 2016, Amnesty International avait déjà entrepris ce travail de terrain et dénoncé un usage dangereux des armes dites «intermédiaires» comme les LBD et les grenades explosives. Une mission d’observation que l’ONG a l’habitude de mener dans des pays où les libertés sont malmenées, comme récemment en Pologne, au Chili, à Hongkong ou au Liban.
(...)
Le 1er février, à Paris, des observateurs ont été entravés dans leur travail lors d’une manifestation. Leur matériel de protection (casques, lunettes de protection et masques à gaz) a été confisqué. Et «chaque membre de l’équipe d’observation a fait l’objet d’une verbalisation pour avoir prétendument participé à une manifestation interdite», a dénoncé dans un communiqué la LDH, qui se prévaut d’une protection juridique de la mission des observateurs par le droit international. La LDH et Amnesty demandent depuis plusieurs mois que des consignes soient passées aux effectifs pour garantir le travail des observatoires. Contacté à ce propos, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions.
Ce film ne raconte pas une histoire. Il se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux·ses : Wassil Kraiker et ses parents Zohra et Abdelaziz, des jeunes d’Argenteuil, Amine Mansouri et son père Moustapha, Ali Alexis et son épouse, Ramata Dieng et Farid El Yamni…On y aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.
IanB est membre fondateur d’un collectif qui existe et se bat depuis 2012 contre les violences d’Etat, Désarmons-les ! Ce film, il l’a pensé à la fois comme une manière de clore un chapitre dans son combat personnel, une déclaration de guerre et un message sans concession à l’attention de celles et ceux qui oseraient encore nier le caractère systémique des violences policières.
Val-d'Oise : des policiers portent plainte contre une magistrate qu'ils
accusent de les avoir traités de " ripoux " 07/02
27 policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) de Cergy (Val-d'Oise) annoncent porter plainte contre une substitut du procureur de Pontoise. Ils dénoncent des propos qu'ils estiment diffamatoires, tenus lors d'une audience le 27 janvier dernier.
Le palais de justice de Pontoise. (OLIVIER BOITET / MAXPPP)
"En comparant les méthodes de la gendarmerie et de la police, elle s'est visiblement un peu égarée : elle a qualifié les méthodes de nos collègues de la BAC de Cergy de méthodes de ripoux", raconte Ludovic Collignon, secrétaire départemental du syndicat policier Alliance dans le Val d'Oise.
27 policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) de Cergy (Val-d'Oise) annoncent porter plainte contre une substitut du procureur de Pontoise, révèle franceinfo. Soutenus par le syndicat Alliance du Val-d'Oise, ils dénoncent des propos diffamatoires. Les premières des 27 plaintes sont déposées dans l'après-midi du vendredi 7 février, a appris franceinfo auprès du syndicat.
Une affaire d'outrage et rébellion
Selon les policiers, la substitut a tenu ces propos le 27 janvier dernier lors d'une affaire d'outrage et rébellion. "Dans son réquisitoire, elle a dit qu'elle appréciait les gendarmes, qui eux n'étaient pas venus dans la salle pour arrondir leurs fins de mois, dénonce Ludovic Collignon, contrairement aux policiers, qui a priori doivent faire une espèce de business avec les outrages et rébellion et avec les dommages et intérêts qu'ils peuvent toucher dans ce genre d'affaires."
Le parquet de Pontoise refuse de commenter et affirme examiner la situation, sans pour autant faire de commentaire. Sachant que dans leur réquisitions, les procureurs ont une totale liberté de parole.
chemin, je suis le suspect du 18e étage » : la vie
d’Amine Z., assigné à résidence
L’homme de 28 ans fait l’objet d’un contrôle permanent depuis neuf mois sur la foi d’une note de la DGSI, dont il conteste la pertinence.
Par Nicolas ChapuisPublié le 27 janvier 2020 à 15h00 - Mis à jour le 27 janvier 2020 à 16h18
Depuis quelques mois, les matins d’Amine Z. se ressemblent tous,à peu de chose près. Du lundi au dimanche, à 9 h 30, il sort de son appartement au 18e étage d’une tour de Drancy (Seine-Saint-Denis), parcourt les vingt minutes qui le séparent du commissariat, patiente dans la file d’attente et pénètre dans le petit bâtiment vitré. A l’intérieur, il attend au milieu des prospectus et des affiches incitant à la lutte contre la radicalisation islamiste. Quand son tour vient, il écarte les bras et les jambes pour une fouille au corps, signe le registre et ressort. Le rituel est achevé, la journée peut commencer.
Amine Z. fait partie des 222 personnes qui en France font – ou ont fait – l’objet depuis le 1er novembre 2017 d’une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance – Micas, l’acronyme qui désigne les assignations à résidence prononcées afin de prévenir la commission d’actes de terrorisme. Selon les services de renseignement, ce jeune Algérien de 28 ans « constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics ». Ce qu’il conteste.
Attablé à un café de Drancy, Amine Z. se passe les mains sur le visage : « Je suis un petit voyou, ça d’accord. Mais il ne faut pas me faire porter des vêtements trop grands pour moi : je ne suis pas un terroriste, je ne le serai jamais. » Depuis plus de huit mois, il n’a pas le droit de quitter le territoire de la commune de Drancy sans sauf-conduit, un document délivré au compte-gouttes par le ministère de l’intérieur. Il doit également pointer tous les jours au commissariat et il a interdiction d’entrer en contact avec une douzaine de personnes dont il assure ne pas connaître la moitié.
Participation à des cours de boxe
La Micas fait partie des mesures votées en 2017 dans la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme qui avait transposé une partie de l’état d’urgence dans le droit commun. A l’époque, ce dispositif d’assignation à résidence, qui peut être prolongé pendant un an sans intervention du juge judiciaire, avait provoqué des remous à l’Assemblée nationale pour son aspect potentiellement liberticide. Il avait donc été mis en place temporairement, jusqu’au 31 décembre 2020. Les députés vont devoir voter sa prolongation au premier semestre.
Pour Amine Z., le cauchemar a commencé à sa sortie de prison le 4 mai 2019. Après un passage de quelques mois à Fleury-Mérogis (Essonne) pour un vol avec effraction, il se voit notifier par le ministère de l’intérieur son placement sous Micas. La décision, renouvelée à deux reprises depuis, a été prise sur la foi de notes de la direction générale de la sécurité intérieure et du service national du renseignement pénitentiaire.
Ces documents, que Le Monde a pu consulter, dépourvus de date, de signature, ou de tout élément d’identification, dressent un portrait inquiétant du jeune homme. Les accusations reposent essentiellement sur sa participation à des cours de boxe dans un parc du 13e arrondissement de Paris à deux reprises lors de l’été 2014. Ceux-ci étaient dispensés par Thierry Valorus, un recruteur djihadiste, condamné à neuf ans de prison après un séjour en Syrie à l’automne 2014.
Ambiance délétère
A l’époque, Amine Z. vit depuis peu en France. Parti d’Algérie à 18 ans pour fuir un père violent et une vie sans lendemain, raconte-t-il, il a traversé l’Europe à pied, en entrant par la Turquie. Comme nombre de jeunes migrants, il a goûté à la prison au passage, notamment en Grèce – « à côté, la prison en France c’est la crèche ! », lâche-t-il. Le projet initial est de rejoindre sa grand-mère en Belgique, mais il échoue dans le quartier de Barbès, à Paris, au gré des rencontres. « J’ai eu ma mère au téléphone, elle était rassurée. Elle est amoureuse de la tour Eiffel, elle m’a dit : “C’est bon, tu es arrivé au pays des droits de l’homme.” »
Dépourvu de papiers et hébergé par un ami de la famille, il essaie d’apprendre le français et de rencontrer des gens. Il assure que, cherchant à faire du sport, il a eu vent de ces cours de boxe gratuits sur Facebook à l’été 2014, sans rien savoir de l’engagement de Thierry Valorus, à qui il aurait à peine adressé la parole. Trouvant l’ambiance délétère, il dit avoir décidé de ne pas y retourner après seulement deux sessions et n’a plus jamais été en contact avec lui ou l’un de ses élèves.
Placé en garde à vue en mars 2015 et perquisitionné, Amine Z. n’a fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire. L’exploitation de ses téléphones et ordinateurs n’a pas permis de mettre en lumière une activité djihadiste ou un lien avec le groupe de Thierry Valorus, lui-même incarcéré à partir de la fin de l’année 2014. Une deuxième perquisition menée en décembre 2016, devant sa femme et son fils, ne donnera pas plus de résultats.
Contacts suspects à l’extérieur de la prison
Mais le soupçon initial demeure. Et c’est sur cette base que les renseignements dépeignent l’environnement « djihadiste » du jeune homme. N’a-t-il pas été en détention (pour des faits de droit commun) avec des islamistes radicaux ? Le document des renseignements décrit par le menu les affinités religieuses radicales des personnes qu’il croise en promenade, en classe ou même avec qui il est placé en cellule. « On me reproche d’être avec des gens, mais moi je n’ai pas choisi d’être là !, s’insurge-t-il. En prison, il y a les terroristes connus, on ne leur adresse pas la parole. Mais les autres, je n’ai aucune idée de pourquoi ils sont là. »
Les renseignements notent également que la « bibliothèque » de sa cellule – quatre livres – n’est composée que d’ouvrages religieux (parmi lesquels deux versions du Coran et un livre sur le tabac et l’alcool). « Ces éléments certes ténus sont à mettre en perspective avec l’affichage au mur de sa cellule des horaires de prière, d’un drapeau Bismillah Al-Rahman Al-Rahimi [« Au nom de Dieu le clément et le miséricordieux »] et la présence d’un tapis de prière », indiquent les renseignements. A l’appui de sa démonstration, l’auteur de la note ajoute qu’Amine Z. s’est « régulièrement entraîné à des techniques de combat et à la boxe ».
Enfin, le document dresse une liste de ses contacts suspects à l’extérieur de la prison. Son voisin de palier, à qui il a désormais interdiction d’adresser la parole, est selon la note un islamiste radical. Tout comme le gérant et l’employé du taxiphone situé en bas de son précédent logement. Il est reproché à Amine Z. d’avoir croisé ce dernier sur des marchés où il vendait des produits, quand bien même aucun contact approfondi n’a été établi entre les deux hommes. S’ensuit également une série de noms d’islamistes de Seine-Saint-Denis, que le jeune homme assure ne pas connaître.
« Les juges se rejettent la responsabilité »
Pour Me Lucie Simon, la défense d’Amine Z. relève de l’impossible.
« On est face à la toute-puissance de la “note blanche” des renseignements qui accuse mon client de lien avec des organisations terroristes sans apporter aucun élément tangible. C’est à nous de prouver son “innocence”. Mais comment démontrer qu’on ne connaît pas quelqu’un, par exemple ? Les magistrats reprennent in extenso les notes dans leurs décisions, ce renversement de la charge de la preuve est insurmontable. »
Depuis neuf mois, l’avocate enchaîne bénévolement les recours devant toutes les juridictions possibles, sans succès. Jusqu’au Conseil d’Etat, le 10 janvier, qui a rendu une ordonnance de rejet de la demande du jeune homme. Amine Z. ne comprend pas : « Ils m’ont perquisitionné, emmené mes affaires, pris mon téléphone, ils n’ont jamais rien trouvé contre moi. Mais les juges se rejettent la responsabilité parce que le mot terrorisme, ça fait peur. »
Devant la plus haute juridiction administrative, il a plaidé longuement sa cause. Il a raconté la mort sociale que représente la Micas. « Je suis grillé. Quand ils me voient, mes voisins passent leur chemin, je suis le suspect du 18e étage, le mec radical », explique-t-il au Monde.
La dernière reconduction de sa Micas lui a été apportée en main propre un soir par la police, alors qu’il devait se rendre au commissariat le lendemain matin. Il raconte avoir été plaqué au sol pour signer le document, devant ses enfants. Au commissariat, il assure subir des humiliations. « J’ai tellement peur. J’ai l’impression que si j’éternue ou que par réflexe je réponds à mon téléphone portable dans ma poche, ils vont me tirer dessus. Ils me considèrent comme un terroriste », a-t-il confié à son avocate.
Violation de l’assignation
Difficile dans ces conditions de trouver un travail pour faire vivre sa famille. Impossible de faire les marchés ou les livraisons en restant à Drancy. Il a bien eu quelques propositions dans la restauration, mais les employeurs se rétractent en apprenant son statut. « Si je reste chez moi les bras croisés, je suis un homme inutile », lâche-t-il en racontant les déboires de son couple qui bat de l’aile. « La Micas a plongé mon client dans un quotidien d’une misère et d’une violence inouïes », souligne son avocate.
Amine Z. reconnaît avoir désobéi aux termes de son assignation à résidence pour aller travailler dans un restaurant à Sevran, une commune voisine, afin de nourrir ses enfants. Contrôlé sur la route par les forces de l’ordre, il a tenté de s’en sortir en donnant un faux nom. Au commissariat, les policiers ont trouvé dans son téléphone des photos de lui avec ses enfants au parc zoologique de Thoiry dans les Yvelines. Usurpation d’identité et violation de l’assignation… Retour à la case prison pour quelques semaines et nouvelle prolongation de la mesure d’assignation.
Pour le ministère de l’intérieur, le comportement d’Amine Z. témoigne d’une mauvaise foi et d’une volonté de dissimulation de ses véritables intentions. Dans son mémoire destiné au Conseil d’Etat, la représentante de la Place Beauvau Pascale Léglise, appuyée par les services de renseignement, juge la Micas indispensable. Elle assure que le jeune homme est « toujours inscrit dans sa haine pour la République » et qu’il « cherche à contourner les mesures de surveillance dont il fait l’objet ».
« Les assignations sont une fabrique du terrorisme »
L’avocate du jeune homme voit au contraire dans la Micas un cercle vicieux qui crée « un système autosuffisant d’illégalité », générant ses propres infractions et justifiant ainsi son renouvellement :
« Il est dans une situation invivable. On lui colle une étiquette de djihadiste sur le front en 2019 pour des cours de boxe pris en 2014… Qu’est-ce qu’on cherche ? Sans le vouloir, nous créons les conditions de stigmatisation et de marginalisation qui font le terreau de la radicalisation violente. Les assignations à résidence sont une fabrique du terrorisme. »
Amine Z. assure qu’il n’en arrivera pas là. « Les terroristes ne sont pas des musulmans. Ce sont des tarés, il faut les mettre à part », explique-t-il. Il confie en revanche « avoir pensé à la mort ». Son visage est depuis peu marqué par les boutons et les plaques rouges. Un autre poids pèse sur ses épaules. La préfecture envisage de le renvoyer en Algérie pour menace à l’ordre public. La commission d’expulsion avait pourtant émis un avis défavorable étant donné la présence en France de sa compagne, de ses deux enfants et l’imminence de l’arrivée du troisième.
Il couche par écrit son quotidien, sur les conseils de son avocate. Il envoie des lettres aux magistrats, au ministère de l’intérieur, et même au président de la République. Souvent, il s’évade dans sa tête, dit-il, en échafaudant des scénarios dont il est le héros. Sur le ton de la confidence, il glisse en regardant autour de lui : « Parfois je voudrais être témoin d’un attentat pour pouvoir intervenir et sauver les gens, pour prouver à tout le monde que je ne suis pas un terroriste. »
LA«MICAS»
La mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas) fait partie des dispositions votées, en 2017, dans la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui avait transposé une partie de l’état d’urgence dans le droit commun. A l’époque, ce dispositif d’assignation
à résidence, qui peut être prolongé pendant un an sans intervention du juge judiciaire, avait provoqué des remous à l’Assemblée nationale pour son aspect potentiellement liberticide.
Il avait donc été mis en place temporairement, jusqu’au 31 décembre 2020. Les députés vont devoir voter sa prolongation au premier semestre.