Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:37
À Perpignan, un procès pour le policier
municipal qui avait tapé la tête d’un mineur
contre un mur 

La diffusion d’une vidéo amateur avait conduit le parquet à ouvrir une enquête. Placé en garde à vue fin décembre, l’agent doit être jugé pour « violences » le 6 mai 2024.

Dans la ville dirigée par Louis Aliot (RN), qui assume de mettre à contribution sa police municipale pour « harceler les dealers », la vidéo d’une interpellation survenue l’après-midi du 29 novembre, dans le quartier Saint-Matthieu, avait fait grand bruit. Sur ces images tournées par un riverain, on voyait un policier municipal frapper violemment, contre une façade, la tête d’un adolescent menotté. 

Le parquet de Perpignan indiquait alors à Mediapart avoir ouvert une enquête sur ces faits. Comme l’a révélé vendredi le site d’information Blast, le policier municipal est convoqué devant le tribunal correctionnel le 6 mai prochain. Il doit être jugé pour des « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique n’ayant pas entraîné d’interruption de travail », précise à Mediapart Jean-David Cavaillé, procureur de Perpignan. 

Au terme de sa garde à vue, fin décembre, cet agent a été placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’exercer d’ici son procès. Présumé innocent jusqu’à une éventuelle condamnation, il risque jusqu’à trois ans de prison. 

Une intervention difficile, selon la mairie 

Sollicité par Mediapart samedi 13 janvier, le chef de la police municipale de Perpignan, Philippe Rouch, n’a pas répondu. Mi-décembre, cet ancien commandant de police nationale indiquait qu’une « enquête interne » avait été ouverte en parallèle de l’enquête pénale. 

La mairie justifiait alors l’action de ses agents par les conditions d’intervention « particulièrement compliquées » dans le quartier Saint-Matthieu, « gangréné par le trafic de stupéfiants ». Ce jour-là, la police municipale intervenait sur « un point de deal connu » et surveillé de longue date. 

Selon la mairie, alors que les agents tentaient d’arrêter un jeune homme en flagrant délit de vente de stupéfiants, celui-ci a pris la fuite « en se débarrassant de plusieurs dizaines de paquets de produits ». Une « course-poursuite » s’est alors engagée dans les rues jusqu’à l’interpellation du jeune homme, qui a « fait obstacle » à son arrestation en se débattant et en criant pour donner l’alerte. 

La vidéo « ne montre que le terme de l’opération », insistait la municipalité. Sur ces images, six policiers municipaux équipés de VTT entourent un adolescent, menotté et assis par terre. L’un des agents en uniforme, positionné derrière lui, le relève en le tirant par les bras, le pousse vers l’avant et frappe violemment sa tête contre la façade. 

Le jeune homme crie tandis que le policier le maintient face au mur et met son doigt devant sa bouche, comme pour lui intimer l’ordre de se taire. On entend plusieurs personnes dire « chut ». Le même policier met ensuite trois coups de pied dans les mollets du jeune homme, pour le forcer à se rasseoir, sous les yeux de ses collègues passifs.

Mis à disposition de la police nationale – la seule habilitée à mener des enquêtes judiciaires – et placé en garde à vue, le mineur a écopé d’un « avertissement pénal probatoire » (le nouveau nom des rappels à la loi) pour détention de stupéfiants. La mairie affirme que cet adolescent, « en situation irrégulière sur le territoire français », s’est ensuite « échappé du foyer dans lequel il avait été placé »

Une fois rendues publiques la vidéo et l’ouverture d’une enquête pénale, le maire (RN) de Perpignan a réitéré son soutien aux policiers municipaux lors d’une conférence de presse. « Je n’ai pas envie que Perpignan devienne Marseille, où c’est la voyoucratie qui fait les règles », ajoutait Louis Aliot. De son côté, le patron de la police municipale annonçait son intention de continuer à « lutter contre le trafic de stupéfiants », « avec une action encore plus offensive »

Forte d’environ 200 agent·es, la police municipale de Perpignan est l’une des mieux dotées du pays, en comparaison du nombre d’habitant·es. Louis Aliot, qui a gardé pour lui la délégation à la sécurité, en a fait une vitrine : il ne rate pas une occasion de saluer son travail « irréprochable » ou de mettre en avant les moyens dont elle dispose. Comme le rappelait le site d’information Blast dans une enquête publiée en mai 2023 (et attaquée par le maire), « beaucoup d’anciens flics » qui rêvaient d’être mutés dans le Sud ont rejoint cette police municipale.  

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:32
Théo Luhaka : « Je ne veux pas faire
le procès de la police »

Épaulé par son avocat, Maître Antoine Vey, le jeune homme s’est confié au Parisien à l’approche du procès aux assises de trois des quatre policiers qui ont participé à son interpellation le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois, où il avait été grièvement blessé avec une matraque.

Par Nathalie Revenu 
Le 8 janvier 2024 à 06h10, modifié le 8 janvier 2024 à 12h51
 
https://www.leparisien.fr/faits-divers/theo-luhaka-je-ne-veux-pas-faire-le-proces-de-la-police-08-01-2024-XMJ4RXSUANFN5OHD5G5I3TLS2U.php?xtor=EREC-109&utm_medium=email&utm_source=internal&utm_campaign=newsletter_politique
 
«Je suis mort ce jour-là», raconte Théo Luhaka, au côté de son avocat, Maître Antoine Vey, le 22 décembre. Il redoute autant qu'il attend le procès. LP/Olivier Lejeune
«Je suis mort ce jour-là», raconte Théo Luhaka, au côté de son avocat, Maître Antoine Vey, le 22 décembre. Il redoute autant qu'il attend le procès. LP/Olivier Lejeune
 
 

Mardi 9 janvier, au premier jour du procès de ce qu’on appelle « l’affaire Théo », Théodore Luhaka fêtera son anniversaire. Troublante coïncidence pour celui qui déclare que sa vie s’est arrêtée le 2 février 2017, quand il n’avait que 22 ans.

Il se prépare à ce rendez-vous judiciaire autant attendu que redouté. Pour le jeune homme, qui vit reclus depuis sept ans, franchir les limites de sa maison d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) est une épreuve. Même chaperonné par sa sœur Éléonore, se rendre chez Maître Antoine Vey, son avocat installé dans le très chic VIIe arrondissement de Paris, relève aussi de l’exploit. Théo s’est recréé un cocon dans lequel gravitent sa famille, quelques fidèles amis et aussi un personnage de fiction, héros de série télévisée, Monk, un ancien policier astucieux atteint de phobie sociale.

Ce jour de décembre, il est assis dans les bureaux de son conseil. Il a gardé son physique athlétique d’ancien footballeur. Il conserve un masque de façade, laissant croire qu’il s’est forgé une carapace. Rien ne filtre de ce qui l’affecte. Sans colère ni ressentiment, il lâche cet uppercut : « Je suis mort ce jour-là. »

Comment allez-vous aujourd’hui ?

THÉODORE LUHAKA. J’ai l’impression que ce qui m’est arrivé, c’était hier. Je n’avance pas. Après mon histoire, j’ai déménagé des 3 000 (le quartier du nord d’Aulnay-sous-Bois où il vivait). C’était devenu trop étouffant. Quand les gens me croisaient, ils avaient le regard triste. Je ne supportais plus l’image que je renvoyais, faite de peine et non de bonheur. C’était Théo violé par la police et non Théo, le Ballon d’or. Depuis sept ans, je reste chez moi. Je regarde Monk. Je tiens debout grâce à lui. Quand je sors, c’est pour voir mon avocat, mon psy, mes amis. Mais il faut que j’aie une raison précise et qu’on vienne me chercher.

Et votre santé physique ?

Je ressens toujours des douleurs. Mais j’ai réussi à faire avec. Je sais ce qu’il faut que je mange pour ne pas être incommodé.

Avant votre interpellation, vous étiez sur le point d’intégrer un club en Belgique comme footballeur professionnel. Vous avez renoncé à cette passion ?

J’écris beaucoup de musique avec des messages depuis l’affaire. Je parle de ce que je ressens. C’est violent, il faut que ça sorte. Mais je ne suis pas encore prêt à le rendre public. Ça me permet de garder ma mauvaise humeur pour moi. Je n’ai pas envie de la faire supporter à mes proches.

Qu’est-ce que cet événement a changé en vous ?

Ce jour-là, ma vie s’est arrêtée. Les premiers temps, je n’avais pas réellement conscience de ce qui m’était arrivé. À l’époque, j’étais très entouré. Beaucoup de célébrités m’ont appelé, Franck Ribéry (qui évoluait en 2017 au Bayern Munich, le club de cœur de Théo), Rohff m’ont rendu visite, Omar Sy m’a contacté et on s’est parlé sur les réseaux sociaux. Le président Hollande est venu me voir à l’hôpital. J’étais comme dans une spirale. J’ai reçu tellement de soutiens qu’il ne fallait pas que je me laisse abattre. Mais pendant les manifestations contre les violences policières, mon nom se retrouvait aux côtés de ceux d’Adama Traoré, Zyed et Bouna (tous tués lors d’interventions de forces de l’ordre). J’avais l’impression de faire partie des morts. Maintenant que je réalise ce qui s’est passé, c’est très difficile. Je suis face à moi-même : c’est moi et moi.

 
« Pour moi, ça ne change rien. Même après le procès, qu’ils s’en sortent libres ou détenus, ils m’auront toujours violé. »
Théo Luhaka

Vous n’estimez pas avoir été victime de violences policières ? Pourtant, vous en êtes devenu un symbole.

Je ne veux pas faire le procès de la police. Il y a sept ans, ce ne sont pas des policiers normaux auxquels j’ai eu affaire. Je ne pense pas que l’IGPN (la police des polices) puisse considérer ces individus comme des policiers. Ce sont plutôt des individus qui portent un uniforme de policiers. Monk, lui, n’aurait jamais fait ça. La vraie police, tu la voyais tous les jours, elle n’était pas comme ça. Elle savait qui j’étais. J’étais dans le foot. Je n’avais jamais eu d’histoires. Pour moi, ce sont des héros qui sont là pour nous protéger. Je tiens à dire que quand je suis arrivé au commissariat, il y a un policier qui s’est inquiété de mon état de santé et a appelé une ambulance. Il est resté avec moi à l’hôpital jusqu’au bloc.

Qu’attendez-vous du procès ?

Je vais y aller car je n’ai pas le choix. Je fais confiance à mon avocat. Mais pour moi, ça ne change rien. Même après le procès, qu’ils s’en sortent libres ou détenus, ils m’auront toujours violé. Je veux que ma parole soit prise en compte. En même temps, qu’est-ce que je peux attendre d’eux ? Si malgré tout on trouve des excuses à ces individus, alors là, il y aura un problème. Je suis quand même inquiet que le quatrième policier présent pendant les faits ait eu un non-lieu. C’est peut-être un début de réponse de la justice. J’espère surtout qu’après ça, on va faire vraiment le tri dans la police.

 
 
 

 

Partager cet article
Repost0
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:30
« Ils ont tué une vie et un quartier » :
aux 3 000, personne n’a oublié
l’affaire Théo

Au nord d’Aulnay-sous-Bois, quand on a la vingtaine, l’âge de Théo en 2017, l’évocation de ce prénom fait toujours réagir. À l’époque de l’interpellation brutale de leur aîné, Malik, Mamadou, Solène et Eli étaient adolescents. Et son humiliation fut aussi la leur.

Par Nathalie Revenu 
Le 8 janvier 2024 à 06h15
 
 

Dans ce quartier de Seine-Saint-Denis qui se méfie autant de la police que des médias, Hadama Traoré a accepté de jouer les facilitateurs. Après l’interpellation controversée de Théo Luhaka en février 2017, blessé d’un coup de matraque dans les fesses, ce militant politique local avait mené deux mois de mobilisation tous les vendredis devant le commissariat d’Aulnay-sous-Bois. Le long de l’artère Edgar-Degas, cœur battant de la Rose-des-Vents, l’autre nom des 3 000, il dégoupille un tonitruant « Salut les re-frè ! » à l’approche d’un groupe de jeunes.

« Checks » à la ronde et franches accolades, le contact s’établit immédiatement. Pas besoin d’explication de texte, l’affaire Théo parle à tout le monde au pied des immeubles où il a grandi. « On s’en rappelle comme si c’était hier, c’était un jeune des 3 000, lâchent Malik, 21 ans, et Mamadou, 19 ans, collégiens à l’époque. Il avait un rôle de grand frère. Pas de problème, pas de drogue. Il amenait la joie de vivre. » Selon Malik, « c’est lui qui est à la base des bases de la CAN des quartiers à Aulnay ».

L’affaire du coup de matraque arrive dans la conversation spontanément, alors que s’ouvre le mardi 9 janvier 2024 aux assises de Bobigny le procès de trois des policiers qui ont participé à l’interpellation de Théo. « La police, elle a limite tué une vie et un quartier », enchaînent les deux copains. « Elle n’a pas fait que le taper : il y a eu le geste très déplacé d’un homme sur un autre homme », estiment Solène et Eli, deux jeunes filles de 25 ans. Plus cash, les garçons s’écrient : « Il s’est fait violer ! »

« Tu vois une voiture de police, t’es déjà énervé »

Selon eux, il y a un avant et un après Théo aux 3 000. Le quartier s’était échauffé les nuits suivantes, et les relations entre la police et les jeunes demeurent difficiles. Une analyse partagée par un policier : « Pendant six mois, on a fait très attention. Notre seule présence était vécue comme une provocation. C’était des caillassages systématiques. Mais cela reste toujours tendu. »

« Avant, quand on croisait la police et que ça se finissait mal, on partait au pire à l’hôpital, enchaînent Malik et Mamadou. Maintenant, on ne sait plus à quoi s’attendre. Ils sont dans la provoc. Ils nous disent : Passe le bonjour à Théo. Ou alors : On va vous faire comme à Nahel. » Nahel, du nom de l’adolescent de 17 ans tué par un policier le 27 juin 2023 à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors d’un refus d’obtempérer.

Les filles, qui ne se font jamais contrôler, confient elles aussi une certaine appréhension : « Tu vois une voiture de police, t’es déjà énervé. On est sur la défensive. »

Un peu plus loin en remontant vers le collège, des adolescentes tempèrent les impressions des adultes. « Les policiers, ils ne sont pas tous pareils, mais certains abusent de leur pouvoir », déplore Maïa (le prénom a été changé), 14 ans. Toute gamine en 2017, elle garde un souvenir fort des événements. « Ma mère ne voulait pas que j’allume la télé, rembobine-t-elle. On était tous traumatisés. »
 
 
 
 
 
 

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:27
Affaire Legay : ils ont tous menti,
Macron le premier

Le 23 mars 2019, Geneviève Legay, 73 ans, est grièvement blessée à Nice lors d’une manifestation des gilets jaunes. Macron, Estrosi et le procureur de la République se précipitent pour disculper les policiers. Mais Pascale Pascariello va pulvériser leurs mensonges en démontrant la responsabilité du commissaire Souchi. La journaliste de Mediapart raconte son travail avant le procès, qui se tient le 11 janvier 2024.

 

Michaël Hajdenberg et Pascale Pascariello  7 janvier 2024 à 15h05

Mars 2019 : la France est jaune. Tous les week-ends, un peu partout dans le pays, des manifestants se mobilisent pour leur pouvoir d’achat. La répression est féroce : les forces de l’ordre gazent, éborgnent, mutilent. À Nice, une militante d’Attac, Geneviève Legay, 73 ans, est bien décidée à braver l’interdiction qui est faite de manifester place Garibaldi, et elle le fait savoir à différents médias venus couvrir l’événement.

Mais alors que la foule fait pacifiquement connaître son mécontentement, le commissaire Souchi ordonne aux forces de l’ordre de charger. Quelques instants plus tard, Geneviève Legay se retrouve à terre, blessée, inanimée. Sa photo alimente immédiatement les réseaux sociaux et les chaînes d’info. Que s’est-il passé ?

Pour le président Emmanuel Macron comme pour le maire de Nice, Christian Estrosi, il est hors de question d’assumer un tel loupé. Mais plutôt que de charger les policiers, ils vont les dédouaner : Geneviève Legay a dû trébucher. Ou être renversée par un journaliste.  

Spécialiste des violences policières à Mediapart, la journaliste Pascale Pascariello décide de mener une enquête, qui conclura à la responsabilité de l’autorité policière. 

Le jeudi 11 janvier, fait rarissime, c’est donc un commissaire qui sera jugé pour les ordres qu’il a donnés. Tandis que le policier qui a renversé Geneviève Legay n’a pas été poursuivi .

 

Chronologie

  • 23 mars 2019 : Manifestation des gilets jaunes à Nice. Lors d’une charge policière, Geneviève Legay, 73 ans, est renversée. Bilan : une hémorragie dans les méninges, des nombreux hématomes et plusieurs fractures dont une au crâne.
  • Le jour même :  Jean-Michel Prêtre, procureur de la République de Nice, ouvre une enquête « en recherche des causes des blessures » et affirme que la militante d'Attac a chuté « et s’est cognée contre un pylône fixe ».
  • 25 mars 2019 : Dans un entretien avec Nice Matin, le président de la République assure que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ».
  • 28 mars 2019 : Mediapart publie une enquête qui contredit ces affirmations. Un procès verbal rédigé par un officier de police judiciaire, qui date du 23 mars (jour de la manifestation) à 19h05, relate que « selon les premiers éléments recueillis, la septuagénaire aurait été bousculée par un homme qui portait un bouclier ». Le lendemain, une instruction est ouverte pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ».
  • 8 avril 2019 : un nouvel article de Mediapart révèle que la policière en charge de l’enquête, Hélène Pedoya, n'est autre que la compagne du commissaire Souchi qui a donné l'ordre de charger les manifestants.
  • 16 juin 2019 : Rabah Souchi et Hélène Pedoya sont médaillés par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Créée en 2012, la médaille de la sécurité intérieure est « destinée à récompenser les services particulièrement honorables notamment un engagement exceptionnel (...), et à récompenser des actions revêtant un éclat particulier » 
  • 24 juin 2019 : Mediapart publie un rapport de gendarmerie qui date du 25 mars et dans lequel les gendarmes expliquent avoir refusé de participer à la charge décrétée par le commissaire Souchi, car la jugeant « disproportionnée ».
  • 10 juillet 2019 : l'instruction est dépaysée à Lyon.
  • 1er août 2019 : le procureur Jean-Michel Prêtre est muté.
  • 9 avril 2020 : dans le cadre de l’enquête judiciaire, l’IGPN rend ses conclusions : elle juge elle aussi la charge dispropotionnée.
  • 9 novembre 2020 : le commissaire Souchi est mis en examen pour « complicité, par ordre ou instruction, de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ».

  • 11 janvier 2024 : procès du commissaire Souchi.
  • Geneviève Legay

    Cette militante de l’association Attac était âgée de 73 ans lors du mouvement des « gilets jaunes ». Le 23 mars 2019, munie de son drapeau arc-en-ciel, elle a été renversée et gravement blessée lors de la charge des forces de l’ordre. Elle en garde des séquelles encore aujourd’hui.

  • Jean-Michel Prêtre

    Procureur de la République de Nice, il déclare le 25 mars 2019 écarter toute responsabilité des forces de l’ordre alors que les premiers éléments policiers montrent le contraire. Il a aussi confié l’enquête sur les responsabilités policières à la compagne du commissaire mis en cause, tout en connaissant leur lien, et s’est félicité de l’enquête visant à trouver nos sources. Il a finalement été muté à Lyon.

  • Rabah Souchi

    Le commissaire était à la tête du service d’intervention d’aide et d’assistance à la population (SIAAP). C’est lui qui a donné l’ordre de charger les manifestant·es, en dépit de l’opposition du capitaine de gendarmerie. Renvoyé devant le tribunal, il n’a cependant pas eu de sanction administrative. Mieux : il a reçu du ministère de l’intérieur la médaille de la sécurité intérieure, « destinée à récompenser les services particulièrement honorables ».

  • Hélène Pedoya

    Commissaire en cheffe de la sûreté départementale, elle a été chargée par le procureur de la République de mener l’enquête sur l’origine des blessures de la manifestante pacifique. Elle est pourtant la compagne du commissaire à l'initiative de la charge. Un conflit d’intérêts intenable. Elle aussi a reçu la médaille de la sécurité intérieure.

  • Ludovic F.

    Simple agent administratif, il a été choqué par les mensonges à répétition dans cette affaire. Ne pouvant pas être entendu par sa hiérarchie, directement impliquée dans les faits, ni alerter le procureur, qui couvrait la police, il a confié son désarroi à Mediapart, avant d’être victime d’une chasse aux sources. Il explique avoir fait son devoir.

  • Emmanuel Macron

    Dans un entretien accordé à Nice-Matin, le 25 mars 2019, le président de la République déclare que « pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable ». Emmanuel Macron ajoute que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ».

 
 

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:25
Un homme meurt en Seine-Saint-Denis
après son interpellation, l’usage
des pistolets électriques en question

D’après les premiers éléments de l’enquête, six policiers ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique. L’homme aurait été victime de deux arrêts cardio-respiratoires, avant d’être hospitalisé dans le coma.

Le Monde avec AFP. Publié aujourd’hui , vendredi 5 à 18h08

 
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/05/un-homme-meurt-en-seine-saint-denis-apres-son-interpellation-l-usage-des-pistolets-electriques-en-question_6209265_3224.html
 

Un homme de 30 ans est mort, vendredi 5 janvier au matin, à l’hôpital parisien où il avait été admis jeudi après avoir reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique lors de son interpellation par la police à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, a fait savoir le parquet de Bobigny. Né en Martinique en 1994, l’homme était dans le coma depuis l’interpellation. L’autopsie sera effectuée lundi.

En tout, dix-huit fonctionnaires sont intervenus dans une épicerie de Montfermeil, jeudi peu après minuit, pour interpeller cet homme en « état de surexcitation » et « d’agressivité », selon la même source. D’après une source proche du dossier, relayant le récit des policiers, un premier équipage de la brigade anticriminalité (BAC) est arrivé après l’appel au 17 de l’épicier, se plaignant des menaces et de l’agressivité de l’homme, par la suite testé positif à l’alcool. Sur place, les policiers se sont fait prendre à partie par l’homme, l’un d’eux a été violemment mordu au doigt et blessé au visage. Ils ont alors fait appel à du renfort, selon ce récit.

Deux arrêts cardio-respiratoires

Selon le parquet, six policiers, sur les dix-huit qui intervenaient, ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique (PIE, qui projette des aiguillons reliés à l’arme par des filins). Environ douze décharges ont été tirées, d’après les premiers éléments de l’enquête, sans produire un effet immédiat.

D’après la source proche du dossier, l’homme interpellé aurait été victime de deux arrêts cardio-respiratoires avant d’être hospitalisé dans le coma. Selon le parquet, un arrêt cardiaque avait été constaté alors que l’homme se trouvait dans le fourgon des sapeurs-pompiers qui l’avaient pris en charge, après l’interpellation, dans la nuit de mercredi à jeudi.

L’enquête sur l’intervention des policiers a été confiée à l’inspection générale de la police nationale. Les policiers n’ont pas encore été auditionnés et l’examen de la vidéosurveillance est en cours. Une seconde enquête qui visait l’homme pour les violences et menaces de mort à l’encontre des fonctionnaires avait été confiée à la sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis.

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 20:21
Jeux olympiques : « L’accès aux droits
fondamentaux des plus démunis est
menacé »,
interpellent 75 associations et ONG
 
 
 

Au nom des 75 associations et ONG du champ de la solidarité qui le composent, le collectif le Revers de la médaille interpelle les pouvoirs publics quant aux risques que l’organisation des Jeux olympiques fait courir aux personnes vulnérables à Paris et en Seine-Saint-Denis.

 

Grands oubliés de Paris 2024, les sans-abri, mineurs non accompagnés, habitants de bidonvilles ou malades en situation précaire ne sont manifestement pas conviés à la fête. Pire, tout semble à l’œuvre pour les exclure du paysage. C’est bien ce qui inquiète les acteurs de la solidarité réunis sous la bannière du Revers de la médaille. Fondé cet automne, ce collectif interassociations, qui compte 75 membres, s’est fait connaître via des messages parodiant ceux des JO tels que « Plus vite, pour vider l’Île-de-France des populations précarisées », « Plus haut, vers l’exploitation des travailleurs sans papiers » ou encore « Plus fort, dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue ». 

Derrière ces slogans grinçants, une sombre réalité que détaille Lila Cherief, en charge des questions d’hébergement, de logement et de domiciliation dans la région parisienne au Secours catholique : « La saturation actuelle des dispositifs d’hébergement d’urgence a induit de nouvelles directives de tri des demandes données au 115 (plateforme téléphonique d’orientation des personnes sans abri, elle aussi débordée et donc le plus souvent injoignable – NDLR), qui ne permettent plus de proposer une place qu’à des femmes enceintes de plus de huit mois ou à des familles avec des bébés de moins de trois mois. En Seine-Saint-Denis, le taux de réponses négatives donné à des personnes ayant réussi à joindre le 115 a augmenté de 40 % en 2023 par rapport à l’année précédente. »

En cause notamment, la suppression de places d’hébergement réservées dans des hôtels, ceux-ci ayant préféré se tourner vers une activité touristique, plus rentable, en vue des JO. On observe également une multiplication des expulsions de bidonvilles à Paris et en Seine-Saint-Denis, qui vont encore s’intensifier avec l’arrivée des JO. « On ne s’est pas fixé comme objectif zéro SDF dans Paris au mois d’août 2024 », a réagi la préfecture d’Île-de-France. Sans pour autant remettre en cause le constat des associations, elle évoque « un travail en cours pour débloquer des places (d’hébergement) supplémentaires ».

 

 

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 19:53
Un procès pour deux policiers
qui ont tiré sur les occupants d’une voiture 

À Stains, en août 2021, un conducteur et sa passagère avaient été grièvement blessés lors d’un refus d’obtempérer. La juge d’instruction estime que les fonctionnaires de la BAC ont réagi d’une manière « disproportionnée », alors que le véhicule ne représentait plus de danger. 

Deux policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bobigny, mi-décembre, pour avoir tiré à huit reprises sur les occupants d’une voiture lors d’un refus d’obtempérer, le 16 août 2021. Le conducteur, Nordine A., et sa compagne Merryl B. avaient été grièvement blessés par balles. Chacun des deux a subi plus de trois mois d’interruption totale de travail (ITT) et souffre encore de lourdes séquelles. 
 

Dans une ordonnance datée du 12 décembre, révélée par Le Parisien et que Mediapart a également consultée, la juge d’instruction Claire Thépaut écarte la légitime défense invoquée par les policiers. Selon son analyse, ils n’étaient pas non plus dans les clous de la « réforme Cazeneuve » de 2017, ayant élargi les conditions d’ouverture du feu lors des refus d’obtempérer. 

Comme le demandait le parquet, Jonathan F., 32 ans, et Valentin L., 29 ans, devront donc répondre de « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique, avec arme », lors d’un procès public. Depuis leur mise en examen, à l’automne 2022, leur contrôle judiciaire leur interdit de porter une arme et ils sont affectés dans un service d’investigation de leur commissariat. Risquant jusqu’à cinq ans de prison, ils sont présumés innocents jusqu’à une éventuelle condamnation. 

 

De son côté, Nordine A. a été définitivement condamné à deux ans de prison ferme, le 29 novembre 2022, pour « refus d’obtempérer » et « violences avec arme par destination » (sa voiture). L’homme de 39 ans, qui se qualifie lui-même de « miraculé », a déjà passé deux mois en détention pour ces faits. Compte tenu de son état de santé, la cour d’appel n’a pas prononcé de mandat de dépôt à son encontre et il est aujourd’hui en attente d’un aménagement de peine.

Vers 1 h 30 dans la nuit du 15 au 16 août 2021, à Stains, Nordine A. et Merryl B. rentrent d’un dîner au restaurant. Trois policiers de la BAC décident de contrôler leur Citroën C2 qui « zigzague » à vive allure sur la route. 

Selon eux, le conducteur, « seul occupant visible » du véhicule puisque sa compagne était allongée sur la banquette arrière, les a « regardés avec insistance » à un feu rouge et paraissait alcoolisé. Les analyses sanguines ultérieures montreront qu’il avait 1,31 gramme d’alcool dans le sang et était positif au cannabis. Les policiers lui auraient demandé « s’il était déchiré », ce à quoi Nordine A. leur aurait répondu « oui, et alors », conscient d’avoir affaire à « des keufs »

Au contraire, Nordine A. a toujours soutenu qu’il ignorait avoir affaire à des policiers. Comme en atteste une vidéo amateur diffusée juste après les faits, l’équipage circulait à bord d’une voiture banalisée, sans gyrophare ni deux tons, et aucun des trois fonctionnaires ne portait son brassard « police ».

Pour la juge d’instruction, cette attitude des policiers est « peu compréhensible », « alors même qu’ils réalisent ce contrôle au milieu de la chaussée, sur un axe routier important ». Elle estime toutefois que Nordine A. avait compris qu’il s’agissait d’un contrôle et voulait s’y soustraire, le fait qu’il soit alcoolisé et titulaire d’un permis probatoire offrant « un mobile très plausible » à son refus d’obtempérer. 

Huit tirs en six secondes 

Après avoir réussi à bloquer la voiture de Nordine A. pour qu’elle s’arrête, Valentin L., le chauffeur du véhicule de police, en descend. Il grimpe sur le capot de la Citroën et met un coup de matraque dans le pare-brise pour l’étoiler, sans succès. Il essaie ensuite d’attraper la clé par la fenêtre, côté conducteur, pour couper le contact. 

Alors que le policier est encore agrippé à sa portière, Nordine A. enclenche la marche arrière et percute une Mini Cooper derrière lui. Il passe en marche avant, éjectant Valentin L. de la fenêtre. En 6 secondes 25, ce policier qui n’avait jamais tiré en service de sa vie a fait feu à cinq reprises, tandis que son coéquipier Jonathan F. a tiré trois balles. 

La Citroën termine sa course en s’encastrant dans le véhicule de la BAC. Nordine A. et Merryl B. sont évacués en urgence absolue. Cinq balles ont blessé Nordine A. aux bras, au thorax, à l’aine, à l’abdomen, à la cuisse. Une autre a atteint Merry B. dans le dos. Elle a dû subir une ablation de la rate et une intervention chirurgicale pour mettre un terme à un début de grossesse extra-utérine. Deux munitions n’ont touché que la voiture.

Dans son ordonnance de renvoi, la magistrate constate « l’improvisation » et « l’absence de maîtrise » des policiers dans l’usage de leurs armes, malgré leurs sept et onze ans de métier au moment des faits. Comme l’a noté l’expert balistique, Jonathan F. « avait son collègue dans l’angle de tir » quand il a fait feu « depuis l’arrière dans l’urgence ». Quant à Valentin L., il « s’est mis en danger », au début du contrôle, en passant devant la Citroën et en montant sur le capot. Blessés lors de cette intervention, les deux policiers ont eu sept et dix jours d’ITT. 

Au cours de l’enquête, ils ont maintenu que leurs tirs étaient justifiés par un danger réel et remplissaient les critères de la légitime défense. Une action légale, dont la blessure de la passagère n’est à leurs yeux qu’une « conséquence involontaire et malheureuse »

Personne sur la trajectoire de la voiture

La juge d’instruction a une autre lecture des faits. S’il est « indubitable » que Nordine A. « a eu un comportement très dangereux lors de sa marche arrière », puisqu’il a obligé Jonathan F. à s’écarter et percuté une voiture occupée par une conductrice, tandis que Valentin L. était suspendu à sa portière, « aucun tir n’intervient pendant cette marche arrière », rappelle la magistrate. 

« Les quatre premiers tirs interviennent alors que le véhicule est déjà en train d’effectuer une marche avant », ajoute-t-elle, alors que « personne ne se trouve sur la trajectoire ». Pour se défendre, les policiers ont avancé qu’ils craignaient pour la vie de leur troisième collègue, sans pouvoir le situer précisément. La juge d’instruction écarte cet argument : « Effectuer un tir “dans le doute” ne permet aucunement de respecter le cadre légal de l’usage de l’arme, qui suppose une évaluation du danger. » 

Les tirs ayant touché Nordine A., Merryl B. et leur véhicule « ne peuvent être considérés comme strictement proportionnés et ne répondent pas à l’absolue nécessité », avance la juge d’instruction. En conséquence, l’ordonnance conclut que « l’ensemble des tirs des policiers en réplique, intervenus après cette marche arrière, nombreux et atteignant des zones potentiellement létales » sortent du cadre prévu par la loi et justifient le renvoi des policiers devant le tribunal. 

 

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 19:50
À Paris, la BRAV-M percute et tue un piéton

Dans le XIXe arrondissement de Paris, le 12 décembre, un équipage de la BRAV-M, unité de police à moto, a percuté un homme. Grièvement blessé, il est décédé. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer les circonstances de cet accident mortel et la responsabilité des policiers.

Pascale Pascariello, Camille Polloni et Matthieu Suc  17 décembre 2023 à 17h56

Déjà décriées pour leurs interventions violentes contre des manifestant·es, les brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M), escouades de policiers se déplaçant en binôme sur des motos, sont aujourd’hui mises en cause pour leur conduite dangereuse dans les rues de Paris. 

Un de leurs équipages a percuté un passant, mardi 12 décembre, dans le XIXe arrondissement de Paris. Cet homme âgé a été grièvement blessé, souffrant notamment d’un traumatisme crânien. Transporté aux urgences, il est décédé deux jours plus tard. 

Le parquet de Paris a confirmé, auprès de Mediapart, avoir saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte sur les circonstances de cet accident mortel. Le service de traitement judiciaire des accidents (STJA) de la police parisienne est également saisi. 

 
Illustration 1 Policiers de la BRAV-M lors d'une manifestation pour Nahel à Paris le 30 juin 2023. © Claire Série / Hans Lucas via AFP

Selon une source à la préfecture de police de Paris, la BRAV-M « circulait en colonne » depuis sa caserne, située porte de la Villette dans le XIXe arrondissement, pour se rendre en mission dans un autre arrondissement de la capitale, quand l’une des motos a percuté un piéton qui traversait l’avenue de Flandre à proximité du métro Crimée.

Une source policière, citée par l'AFP, indique que la BRAV-M répondait « à une demande de renfort d’un équipage de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne ». Selon la version des policiers mis en cause, le motard n’a pu éviter ce passant, « une bouteille à la main, semblant ivre », sinon il aurait « emplafonné une camionnette garée en double file ». 

D’après les premiers éléments de l’enquête, l’alcootest du motard s’est révélé négatif mais des résultats d’analyses sanguines sont encore attendus. Le parquet a lancé des recherches pour retrouver des témoins potentiels et identifier la camionnette susceptible d’avoir gêné les policiers. Selon les agents, leur vitesse « n’aurait pas été excessive », une vidéo tournée un peu avant l’accident permettant d’en attester, sous réserve d’une mesure de vitesse ultérieure.   

Ce n’est pas la première fois que la conduite de ces policiers pose problème. En effet, selon une source à la préfecture de police, des élus et habitants avaient fait part de leurs inquiétudes face aux excès de vitesse et au comportement routier de la BRAV-M lorsque ces policiers partaient en mission et rentraient à leur caserne. À la suite de ces alertes, il y a quelques semaines, le préfet de police, Laurent Nuñez, a convoqué ces brigades et, selon cette source, leur aurait dit : « Vous êtes une unité contestée, vous devez être irréprochables y compris dans vos déplacements. »  

C’est en mars 2019, quelques jours après la nomination à la tête de la préfecture de police de Paris de Didier Lallement et en plein mouvement des « gilets jaunes » qu’apparaissent officiellement, au cours de manifestations parisiennes, les BRAV-M.

Mais ces unités étaient déjà en gestation. Dès décembre 2018, sur décision du ministre de l’intérieur Christophe Castaner et du préfet Michel Delpuech, des binômes de policiers motorisés, interdits depuis le décès de Malik Oussekine en 1986, étaient déjà présents dans les rues de Paris.

Depuis, ces brigades sont devenues le symbole ambulant de ce que les manifestant·es reprochent aux forces de l’ordre françaises : une violence imprévisible, indiscriminée et gratuite. Plusieurs enquêtes visent la BRAV-M, notamment pour avoir agressé gratuitement un étudiant de 22 ans, ou encore pour avoir, le 20 mars à Paris, roué de coups et proféré des insultes racistes à l’égard de Souleymane, 23 ans. 

Dans un rapport publié le 13 avril, l’Observatoire parisien des libertés publiques (OPLP), créé à l’initiative de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et du Syndicat des avocats de France (SAF), étrille ces brigades. Intitulé « Intimidations, violences, criminalisation : La BRAV-M à l’assaut des manifestations », et fondé sur 90 observations des pratiques de maintien de l’ordre à Paris depuis le 1er mai 2019, ce rapport livre un réquisitoire sévère contre ces brigades « violentes et dangereuses, promptes à faire dégénérer les situations ».

Hasard du calendrier : le 13 décembre, au lendemain de l’accident mortel, des membres de la BRAV-M jouaient les pères Noël à l’hôpital Necker-Enfants malades, en compagnie de la brigade de recherche et d’intervention (BRI). Dans un article consacré à cette opération organisée par une association de policiers, Le Parisien souligne « la tension » palpable chez les cadres de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui n’avaient pas été prévenus de la présence de la BRAV-M auprès des enfants. « Après avoir envisagé d’annuler au dernier moment le convoi pourtant déjà en route, l’AP-HP donna son feu vert », ajoute le quotidien. 

 
Partager cet article
Repost0
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 19:46
Refus d’obtempérer à Marseille : une enquête
ouverte après la mort d’un jeune
de 22 ans dans un accident de scooter
L’homme, en défaut de permis et en possession d’une petite quantité de stupéfiants selon France 3 Paca, aurait pris la fuite en scooter avant de perdre le contrôle sur un dos-d’âne dans la nuit de vendredi à samedi 16 décembre. Une enquête a été ouverte et confiée à la sûreté départementale.
 
par LIBERATION et AFP
publié aujourd'hui à 10h30
(mis à jour le 16 décembre 2023 à 11h17)
 
Partager cet article
Repost0
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 19:43
Comment l’armée israélienne
utilise l’intelligence artificielle
pour bombarder Gaza
Suggestions de cibles, plans d’attaque automatisés : des outils algorithmiques, développés par Tsahal ou des entreprises privées, servent à mener une guerre «totale» à Gaza. D’anciens officiers du renseignement parlent d’une «usine d’assassinat de masse».
 
 
par Florian Gouthière et Alexandre Horn
publié le 2 décembre 2023 à 7h47

Tsahal revendique une «guerre par IA»

De 50 cibles par an à 100 cibles par jour

«Rien n’arrive par hasard»

"Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel."—  Une source anonyme au média israélien «+972»
«Rien n’arrive par hasard, déclare une autre source aux journalistes de +972. Lorsqu’une fillette de 3 ans est tuée dans une maison à Gaza, c’est parce que quelqu’un, dans l’armée, a décidé que ce n’était pas grave qu’elle soit tuée – que c’était un prix qui valait la peine d’être payé pour frapper [une autre] cible. Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison.»

Des milliers d’arbitrages invisibles

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Vérité et Justice pour Ali Ziri
  • : Halte aux violences policières excessives et disproportionnées! Les droits humains ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de la sécurité.
  • Contact

Profil

Recherche

Catégories

Liens