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28 avril 2022 4 28 /04 /avril /2022 09:10
 
 
 
Tirs mortels sur le Pont-Neuf à Paris :
le policier mis en examen
pour «homicide volontaire»

Deux hommes ont été tués et un troisième blessé dimanche soir sur le Pont-Neuf à la suite de tirs d’un policier sur un véhicule qui refusait d’obtempérer. Le tireur a été mis en examen suite à la demande du parquet de police, notamment à cause de l’angle des tirs des dernières balles, qui poseraient la question de la légitime défense.

Par Denis Courtine et Nicolas Goinard 
Le 27 avril 2022 à 18h59, modifié le 28 avril 2022 à 06h23

Toutes les balles ont-elles été tirées en état de légitime défense ? C’est la question principale à laquelle devra répondre l’information judiciaire ouverte ce mercredi par le parquet de Paris. Trois jours après la fusillade qui a fait deux morts et un blessé à côté du Pont-Neuf, deux magistrats viennent d’être saisis pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’instruction vise le policier qui a tiré à une dizaine de reprises sur le véhicule, atteignant mortellement le conducteur et le passager avant, blessant également un troisième homme qui se trouvait à l’arrière.

Selon nos informations, les deux enquêtes menées par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et le 1er district de police judiciaire (DPJ) établissent grâce à plusieurs témoignages que la Polo fonçait bien sur des fonctionnaires alors qu’ils procédaient au contrôle des occupants. Mais les angles des tirs posent la question de la légitime défense.

Sur les circonstances, d’après des sources policières, le passager arrière, qui ne connaissait pas les deux autres, était monté dans le véhicule pour acheter du produit stupéfiant. Un pochon de drogue de synthèse et l’argent correspondant à la transaction ont bien été retrouvés dans le véhicule. Le conducteur avait par ailleurs une petite quantité de drogue sur lui. Cette victime, 25 ans, ainsi que le passager avant, 30 ans, vivaient tous les deux dans la cité des Amandiers, à Paris (XXe). Ils étaient connus des services de police notamment pour des affaires de stupéfiants. Le troisième homme, un Parisien du XVe arrondissement (42 ans), n’avait lui jamais eu affaire aux forces de l’ordre.

Une policière traînée sur cinq mètres

Ce dimanche à 23h45, cinq fonctionnaires de l’unité mobile d’intervention et de protection, un groupe d’appui créé après la tuerie survenue à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, sont intrigués par cette Polo qui fait une marche arrière sur le quai des Orfèvres, à côté du Pont-Neuf. Le véhicule s’arrête sur un passage clouté. Un piéton se présente alors à sa hauteur, semble discuter avec les deux hommes et monte à l’arrière.

Les policiers, qui sont à pied, décident de procéder au contrôle. Le seul d’entre eux équipé d’un fusil d’assaut, un HK G36, se place devant la Polo. Alors que la cheffe de l’équipage ouvre une portière, le conducteur appuie sur l’accélérateur pour prendre la fuite.

En quelques secondes tout bascule. Voyant, semble-t-il, le véhicule lui foncer dessus, le fonctionnaire armé du fusil tire à une dizaine de reprises tout en s’écartant. La policière est traînée sur cinq mètres. La voiture continue de rouler, passe par-dessus un terre-plein et finit sa course sur un trottoir, au niveau du Pont-Neuf.

Les dernières balles auraient touché l’arrière du véhicule

Le conducteur est retrouvé inerte penché sur le volant. Il est sans doute mort sur le coup. Son passager avant parvient à sortir avant de s’effondrer au sol. Cinq ou six balles ont atteint les victimes. D’après nos informations, les premières ont été tirées de face. Mais pas les dernières qui auraient notamment atteint l’arrière du véhicule, ou, en tout cas, la vitre du passager arrière.

L’autre élément à charge pour le policier, c’est la cadence des tirs. Selon le règlement, son fusil devait être positionné en mode « coup par coup ». Ce n’était pas le cas dimanche soir. À chaque fois qu’il pressait la gâchette, deux balles étaient tirées.

« De nombreuses investigations sur les faits, pour partie de nature criminelle, sont encore nécessaires, notamment sur la légitime défense », indique le parquet de Paris, qui a requis la mise en examen du tireur. Le ministère public a demandé « son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer toute fonction de policier impliquant du contact avec le public, interdiction de port d’arme et interdiction de contact avec ses collègues de l’équipage, les témoins et les victimes ». Dans la soirée, le policier a bel et bien été mis en examen.

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