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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 22:22

https://www.humanite.fr/justice-affaire-jerome-rodrigues-le-certificat-medical-qui-accuse-668386

Justice. Affaire Jérôme Rodrigues : le certificat
médical qui accuse
Vendredi, 22 Février, 2019

Un document, consulté par l ’Humanité, conforte les arguments de la figure des gilets jaunes, assurant avoir été blessée à l’œil par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) 40.

Pour la première fois, un certificat médical étaye la version de Jérôme Rodrigues, qui assure avoir reçu un tir de lanceur de balles de défense (LBD), à l’origine de sa blessure à l’œil. Jusqu’à présent, le flou demeure sur les circonstances exactes du drame, survenu place de la Bastille à Paris, samedi 26 janvier vers 16 h 45.

La scène, filmée en direct par la victime elle-même, devient le symbole des mutilés de la répression policière depuis le début du mouvement social. L’auteur du film, au comportement pacifiste, tombe à terre, d’un coup. Sur la vidéo, qui dure une dizaine de minutes, on entend Jérôme Rodrigues parler à des gilets jaunes et à des « street medics » (soignants bénévoles). Au bout de longues minutes, les pompiers arrivent. Dans l’heure qui suit, l’homme de 40 ans à la barbe grise publie une photo de lui dans le camion des secours et à l’hôpital : « Ils m’ont déglingué », écrit-il en commentaire de sa photo. L’image, relayée massivement sur les réseaux sociaux, attise la colère des gilets jaunes, et au-delà.

Le caractère « contusif »suggère l’impact d’une balle de caoutchouc

La blessure de cette figure des gilets jaunes inquiète les locataires du ministère de l’Intérieur, Christophe Castaner et Laurent Nuñez. Quelques heures après les heurts qui ont émaillé la mobilisation des gilets jaunes, ce jour-là, la préfecture de police, en accord avec la Place Beauvau, a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Alors que l’enquête était à peine ouverte, le secrétaire d’État, Laurent Nuñez, affirmait qu’il n’y avait pas eu de tirs de LBD à ce moment précis. Durant le week-end des 25 et 26 janvier, des éléments de langage donnés à la presse allaient dans le même sens. Une vidéo prise sur les lieux, révélée par le média Quotidien, montre pourtant un policier équipé d’une arme ressemblant à un LBD. Puis, un policier a reconnu avoir utilisé un LBD, sans avoir visé le fameux manifestant.

Le document médical, consulté par l’Humanité, appuie les arguments du camp Rodrigues. « Les présentes observations apparaissent compatibles avec un traumatisme principalement contusif ayant entraîné une rupture pressionnelle simultanée du globe oculaire droit et de la paupière supérieure droite », conclut l’auteur du certificat médical, le professeur Jean-Louis Bourges, responsable des urgences d’ophtalmologie à l’hôpital Cochin. Le caractère « contusif », associé directement à une forte pression, suggère que l’impact d’une balle de caoutchouc est à l’origine de la perte de l’œil du gilet jaune, estime un médecin hospitalier contacté par l’Humanité. Dans ce cadre, un tir de LBD 40 a pu blesser gravement le gilet jaune.

Pour décrire la blessure à l’œil, le spécialiste liste huit lésions : en particulier, un « affaissement du globe oculaire droit » ; une « luxation postérieure cristallienne totale » ; « une plaie de cornée » ; des dommages qui ont touché uniquement l’œil droit. Sur la plaie de la paupière droite relevée dans le certificat médical, un médecin hospitalier estime qu’elle « peut être liée à un projectile plutôt qu’à l’application d’une compression. Mais le traumatisme étant très violent, avec éclatement du globe oculaire et des lésions osseuses, cela a pu éclater la paupière, qui est un tissu fin ». Le document médical prévoit une incapacité totale de travail (ITT) de trois mois, renouvelable par un service médico-judiciaire.

Ce certificat médical, réalisé le 28 janvier et remis à l’officier de police judiciaire, ne suffit pas à faire toute la lumière sur les circonstances de la blessure. Après l’ouverture d’une information judiciaire pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique avec arme », des juges d’instruction du tribunal de Paris vont poursuivre les investigations.

De son côté, la Place Beauvau a toujours évacué l’hypothèse d’un tir de LBD 40. Selon la version officielle, Jérôme Rodrigues a été touché par une grenade de désencerclement. Cette arme intermédiaire, poursuit le médecin hospitalier contacté par l’Humanité, « provoque des lésions par la projection de débris, mais la projection n’a rien à voir avec l’exercice, a priori, d’une pression » observée dans le cas de Jérôme Rodrigues. D’ailleurs, le certificat médical indique qu’« aucun corps étranger n’a été observé dans cette phase exploratoire ». En clair, aucun éclat d’une grenade de désencerclement n’a été retrouvé dans l’œil de Jérôme Rodrigues.

Jérôme Rodrigues espère que la justice fera éclater la vérité

Contacté par l’Humanité, le secrétariat d’État auprès du ministère de l’Intérieur s’est refusé à tout commentaire, au motif qu’une enquête est en cours. De son côté, Jérôme Rodrigues a annoncé, la semaine dernière, le dépôt de plainte et la perte définitive de son œil. Un coup dur pour ce gamin de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Sa mère, Annie, une ex-fonctionnaire, nous confie sa colère : « Je suis effondrée. Je ne comprends pas qu’on utilise des armes de guerre contre des manifestants. On n’en est jamais arrivé à ce stade. Mon père a fait les manifestations de Charonne, on est une famille pacifique. Où se trouve cette France chantée par Jean Ferrat et Charles Trenet ? Macron est en train de la détruire. »

Soutenu par sa famille, Jérôme Rodrigues espère que la justice fera éclater la vérité. « Mais je ne veux pas que mon cas éclipse les personnes blessées à l’œil par LBD. Moi j’ai de la chance, j’ai eu le soutien de milliers de personnes. D’autres sont tout seuls », regrette-t-il.

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