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19 juillet 2018 4 19 /07 /juillet /2018 08:42
http://www.liberation.fr/france/2018/07/19/agression-d-un-manifestant-par-un-collaborateur-de-macron-il-l-etrangle-et-lui-met-plusieurs-coups-d_1667457
Agression d'un manifestant par un collaborateur de Macron: «Il l’étrangle et lui met plusieurs coups de poing par derrière»
Par Maïté Darnault, correspondante à Lyon 19 juillet 2018 à 07:19 (mis à jour à 09:56)

Alors que «le Monde» a identifié sur une vidéo un certain Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron à l'Elysée, se livrant, le 1er mai, à des violences sur un manifestant à terre, «Libération» a interrogé Taha Bouhafs, le militant qui a tourné ces images il y a quelques mois dans la capitale. Le parquet de Paris a fait savoir ce jeudi qu'il ouvrait une enquête préliminaire.

Sweat à capuche clair, blouson noir et casque de policier : le 1er mai, ce n’était pourtant pas un membre des forces de l’ordre qui a étranglé et frappé violemment un jeune homme au sol, mais selon le Monde, Alexandre Benalla, ancien responsable de la sécurité de la campagne d’Emmanuel Macron, adjoint au chef de cabinet du président, aujourd’hui chargé de mission à l’Élysée. Suite à cet épisode, l’homme a été mis à pied pour quinze jours en raison d'«un comportement manifestement inapproprié», ayant «porté atteinte à l’exemplarité qui est attendue, en toutes circonstances, des agents de la présidence de la République», selon le courrier publié par le quotidien et adressé le 3 mai par Patrick Strzoda, directeur du cabinet du chef de l’Etat, à l’auteur des violences. Le parquet de Paris a, ce jeudi, décidé d’ouvrir une enquête préliminaire pour «violences par personne chargée d’une mission de service public», «usurpation de fonctions» et «usurpation de signes réservés à l’autorité publique».

La vidéo montrant Alexandre Benalla a été tournée place de la Contrescarpe, à Paris, par Taha Bouhafs, militant des quartiers populaires et ex-candidat aux législatives de la France insoumise, qui l’avait rapidement postée sur son compte Twitter. Il revient pour Libération sur les circonstances de cette scène. 

Vous êtes l’auteur de la vidéo sur laquelle le Monde a identifié un conseiller d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, se livrant à des violences sur un homme dans la rue. Dans quel contexte a-t-elle été filmée ?

Je participais à la manifestation du 1er mai, les CRS ont attaqué les cortèges syndicaux au niveau du pont d’Austerlitz, j’ai été gazé, du coup, j’ai quitté la manifestation avec un ami pour aller dans le quartier Latin. Je me trouvais rue du Pot de fer, adjacente à la rue Mouffetard, toute proche de la place de la Contrescarpe. On a reçu un SMS, provenant d’une boucle militante, invitant à un apéro convivial, pour débriefer la journée et faire le point sur la mobilisation. On était juste à côté, donc on a décidé d’y aller, il y avait plusieurs groupes d’étudiants assis sur la place, en train de discuter et de boire des bières. Une dizaine de CRS immobiles étaient présents. Assez vite, une trentaine de CRS sont arrivés et ont bouclé la place. A ce moment-là, ça a rapidement dégénéré, la tension est montée, avec gaz lacrymo et coups de matraques, c’est parti dans tous les sens. Je précise que personne n’était masqué, c’étaient juste des jeunes en train de boire des bières et de parler tranquillement.

Premier réflexe, je me mets à filmer. Des CRS courent, une fille se fait attraper et tirer par le cou. Au même moment, un mec chauve en sweat-shirt attrape un gars avec plusieurs CRS, ils le traînent par terre et nous gazent pour éviter qu’on filme. Là, celui qui est identifié comme Alexandre Benalla arrive en courant, il attrape par le cou le gars qui est déjà à terre entouré de CRS. Il l’étrangle et lui met plusieurs coups de poing par derrière, c’est un tabassage en règle. La victime a du mal à respirer, se touche le ventre. On crie tous plusieurs fois d’arrêter, c’est hyper violent. Je m’approche d’Alexandre Benalla, je filme son visage et je dis : «Regardez son visage, il est en train de le tabasser par terre.» Il me regarde et il se barre de peur d’être reconnu. Je l’avais déjà aperçu plusieurs fois durant la manifestation avec un brassard de police. J’ai rapidement publié la vidéo sur Twitter, sans savoir à quel corps de police il appartenait.

 

Quel retour avez-vous eu à ce moment-là sur Twitter ?

Beaucoup de réactions indignées de militants, mais aussi un certain nombre de gens, des macronistes et des gens du FN, qui s’accordaient à le défendre, disant qu’on n’a pas le contexte, qu’on ne sait pas ce qu’il s’est passé, que le policier s’est simplement défendu.

Vous venez d’apprendre qu’il s’agit d’un membre de l’équipe présidentielle, quelle est votre réaction ?

Il y a de l’indignation, de la colère et de la peur : la violence d’Etat est forte envers les manifestants, on l’a vu pendant le mouvement étudiant, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à matraquer des étudiants, des cheminots, des migrants. Cette violence d’Etat monte d’un cran aujourd’hui, et ce n’est pas pour arranger le rapport entre la police et la population. Les jeunes des quartiers et les manifestants ont peur face à la police, et maintenant, on ne sait même plus qui porte un brassard, qui est derrière l’uniforme : demain, ce sera qui ? Un assistant parlementaire de la majorité présidentielle, un cousin germain d’Emmanuel Macron ? Ça fait froid dans le dos.

De ce comportement individuel, vous tirez des conclusions plus générales...
Ça montre que quand on est conseiller d’Emmanuel Macron, on peut tabasser quelqu’un et être mis à pied quinze jours seulement. Est-ce que la sanction aurait été aussi légère si ça n’avait pas été un proche du président ? On est sur un cas de violence aggravée, il faut des sanctions professionnelles plus lourdes et des sanctions pénales. Dans ce climat de violence policière et étatique, pour lequel la France a été condamnée plusieurs fois ces dernières semaines par la Cour européenne des droits de l’homme, cet événement vient rappeler la pleine responsabilité du chef de l’Etat. De plus, Alexandre Benalla est l’adjoint de Patrick Strzoda, directeur de cabinet du président, ancien préfet de Bretagne qui a couvert l’usage de flash-ball qui a entraîné la perte d’un œil d’un manifestant contre la loi travail en 2016, ce qui lui a valu le surnom de Monsieur Flash-ball. Cela démontre bien l’orientation violente qu’a voulu donner Emmanuel Macron à son quinquennat. Cette violence institutionnalisée a déjà mené à la mort de jeunes dans les quartiers populaires. Nous marcherons pour protester contre cela le 21 juillet à Beaumont-sur-Oise à l’appel du collectif Justice et vérité pour Adama, qui est mort entre les mains des gendarmes il y a exactement deux ans
 
 
 
 

 

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